Orages dans le sud de la France : un agroclimatologue s'inquiète de la violence de l'épisode et des inondations probables
Chaleur, vent, sécheresse des sols... Les conditions favorables à la formation d'orages violents sont réunies, alerte l'agroclimatologue Serge Zaka alors que cinq départements du sud de la France sont placés en vigilance orange.
"Aujourd'hui, il y a des conditions favorables à la formation d'orages violents" dans le sud de la France, avertit mardi 16 aôut sur franceinfo l'agroclimatologue Serge Zaka, alors que cinq départements sont placés en vigilance orange aux orages par Météo France. Un épisode méditerranéen doit toucher le sud du pays, dans la soirée. "Un sol très sec va plutôt avoir un rôle de toboggan plutôt qu'un rôle d'éponge" et "provoquer des inondations", ajoute-t-il.
franceinfo : Qu'est-ce qu'un épisode méditerranéen ?
Serge Zaka : Dans la région méditerranéenne, à partir du 15 août et surtout au mois de septembre, il y a ce qu'on appelle des épisodes méditerranéens et des épisodes cévenols. Les épisodes méditerranéens sont des orages très violents qui peuvent se former dans la région et qui sont favorisés à la fois par une mer qui reste très chaude à la fin de l'été et particulièrement en 2022, mais également par des vents locaux qui peuvent converger et favoriser ces orages. Ce sont des orages que l'on a très régulièrement au mois de septembre et les locaux sont habitués. Les épisodes cévenols ont le même fonctionnement, sauf qu'ils font intervenir les Cévennes, des montagnes qui peuvent favoriser l'intensité de ces orages, mais également le ruissellement et les inondations.
Ces orages inquiètent particulièrement car la mer est actuellement plus chaude que d'autres étés ?
En cette année 2022, nous avons battu de nombreux records de chaleur du côté de la Méditerranée.
"Il faut savoir que la Méditerranée joue un peu un rôle de fioul, un peu un rôle de pétrole qui alimente ces orages puisque c'est là où se trouve l'énergie."
Serge Zaka, agroclimatologueà franceinfo
Aujourd'hui, il y a des conditions favorables à la formation de ces violents orages. Il y a une dépression qui s'approche de la région Méditerranée et qui oriente les vents au sud. Cette année 2022, la mer étant très chaude et les conditions météorologiques favorables, on peut avoir des orages beaucoup plus violents. Il faut savoir que le Giec [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat] a montré récemment que un degré de plus dans l'atmosphère, c'est 9% de plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Plus de vapeur d'eau, logiquement, c'est également plus de pluie.
Il y a aussi le fait que les sols sont très secs en ce moment. Cela peut-il accentuer ce genre de phénomènes ?
Exactement. Un sol très sec, un sol en sortie de sécheresse, va plutôt avoir un rôle de toboggan plutôt qu'un rôle d'éponge. Il se forme une croute à la surface du sol lors d'une sécheresse et cette croûte va empêcher l'eau de pénétrer efficacement dans le sol. Il faut plusieurs jours de pluie pour que cette croûte s'efface et que l'eau pénètre dans le sol. Or, dans la plupart des régions méditerranéennes, il n'y a pas eu encore suffisamment de pluie pour enlever cette croûte.
"Très peu de pluie va être absorbée et la plupart de l'eau va ruisseler et va se positionner au niveau des points bas. C'est ce qui peut provoquer des inondations."
Serge Zakaà franceinfo
Ça peut engendrer un ruissellement plus important que les autres années puisque le sol a été largement plus sec que les années précédentes sur toute la France. Cependant, la zone méditerranéenne est particulièrement concernée puisque la présence de la mer et la présence des reliefs, favorise ce ruissellement.
Est-ce qu'il va y avoir plus de phénomènes de ce genre à cause du réchauffement climatique ?
Ce qui a été montré pour l'instant par la science et qui est observé d'ailleurs par les pluviomètres, c'est une augmentation de la pluviométrie, de la pluie. Suivant les études, nous avons environ +10 à +20% de précipitations lors des épisodes méditerranéens. En revanche, sur le nombre de ces phénomènes, ce n'est pas encore tout à fait très clair. La plupart des études montrent plutôt un nombre d'événements qui ne va pas évoluer.
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