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Violent orage sur les vignobles de Chablis : "Les secteurs des grands crus ont été touchés"

Francetv info a joint des vignerons chablisiens, victimes de pluies intenses et parfois d'importantes chutes de grêle dans la nuit de lundi à mardi.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des vignes de Chablis (Yonne), le 1er septembre 2015. (FRANCE 3 BOURGOGNE)

Les intempéries n'ont pas épargné les vignobles bourguignons. Un violent orage de grêle a causé d'importants dégâts aux vignes de Chablis et d'Irancy, dans l'Yonne, dans la nuit du lundi 31 août au mardi 1er septembre. Selon La Chaîne Météo, il est tombé en quelques heures 97 mm d'eau sur la commune de Chablis, soit l'équivalent de plus d'un mois de précipitations. Un "record absolu" selon le site spécialisé Météo 89. Selon le préfet du département, cité par L'Yonne républicaine, "plus de 250 hectares de vignes ont été touchés", soit 5% du vignoble de Chablis. Francetv info a contacté plusieurs vignerons chablisiens.

"Nous sommes tous impactés"

"Il est tombé en quelques heures l'équivalent d'un mois de précipitation, raconte à francetv info Matthieu Mangenot, directeur du domaine Long-Depaquit, qui a passé deux heures dans ses vignes, mardi matin. Chez nous, les secteurs de grands crus et de premiers crus ont été touchés, ce qui est dommage, évidemment."

"Heureusement, on est à l'approche des vendanges. Nous avions prévu de les commencer vendredi et on va finalement les avancer d'un jour. Il ne va donc pas y avoir trop d'incidences sur la qualité, précise-t-il. Nous avons eu cet été un fort ensoleillement, même encore ce week-end, qui a été magnifique. Les vignes n'ont pas de maladie. Cette année, le millésime s'annonce très intéressant. Il devrait s'approcher à celui de 2005, qui est une référence pour nous."

Si la qualité est préservée, il en va autrement pour la quantité : "Nous sommes tous impactés. Mais je ne sais pas encore, de façon précise, à quel niveau." D'après Louis Moreau, président de la commission du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne, "c'est une minorité du vignoble [chablisien] qui est touché, soit 10 à 15%".

"Le raisin n'est pas complètement dévasté"

"L'orage a éclaté vers 1h30-2 heures du matin. Ça a fait un couloir, comme tous les orages de grêle, témoigne Ludovic Barat, codirecteur du domaine du même nom. Après son passage, j'ai fait un tour dans les vignes. J'avais le moral dans les baskets, mais c'était dans la nuit avec les phares. Là, ce matin, j'ai refait un tour, j'ai constaté les dégâts et je suis rassuré : le raisin n'est pas complètement dévasté."

"Nous sommes dans un vignoble où il y a beaucoup de solidarité. Nous allons proposer nos services aux copains pour les aider à vendanger et récupérer les fruits abîmés. A combien s'élèvent d'ores et déjà les pertes ? Il est encore trop tôt pour le dire. Nous pourrons faire une estimation après les vendanges."

"Le sol est érodé"

La productrice Marie-José Fourrey, elle, est soulagée : "Nous avons des vignes sur Milly, un petit village près de Chablis, et elles n'ont pas été touchées." Seule ombre au tableau, "le sol est érodé" : "Il a tellement peu plu avant cela que le sol était très sec. La pluie a eu du mal à pénétrer dans le sol et a emporté un peu de terre." Mais il n'y a rien de dramatique. "On ne comptait commencer les vendanges que la semaine prochaine. D'ici là, cela devrait sécher, cela va aller."

Dans l'immédiat, comme l'a également indiqué son confrère Ludovic Barat, l'heure est à l'entraide. "On prête du matériel, des bennes à vendanges… Car avec les vignes criblées par la grêle, il ne faut pas attendre. Il faut les vendanger dans les jours voire les heures à venir. Car si on ne le fait pas, le raisin s'oxyde." 

"On est passé tout près de la catastrophe"

"La pluviométrie a été complètement folle cette nuit. On est passé tout près de la catastrophe. Par chance, le couloir de grêle est resté étroit", estime auprès de francetv info Damien Leclerc, directeur général de la coopérative La Chablisienne.

"La situation est dramatique pour quelques producteurs. Pour certains, c'est épouvantable, concède-t-il. Mais on travaille avec la nature, et elle est parfois cruelle. Cela a toujours été comme ça : on fait un produit naturel, pas industriel."

"C'est rageant d'être victime d'un tel phénomène à quelques jours des vendanges, poursuit-il. Reste que "globalement, la déconvenue est limitée. Et nous aurons sûrement un grand millésime : des vins très fruités, élégants avec une richesse en sucre naturel qui est importante".

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