Pollution dans la vallée de l'Arve : "Je crains l'hiver qui arrive, il faut prendre des mesures d'urgence"
Après la venue de Nicolas Hulot dans la vallée de l'Arve, en proie à des pics de pollution, Frédéric Champly, responsable des urgences des Hôpitaux du Pays du Mont-Blanc, note que "l'État nous entend et valide le fait que nous avons un problème de santé public".
Trois membres du gouvernement étaient au chevet de la vallée de l'Arve vendredi 29 septembre : Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire ; Elisabeth Borne, ministre des Transports et Agnès Buzyn, ministre de la Santé. Ils se sont rendus au pied du Mont-Blanc pour trouver des solutions au problème de qualité de l'air que connait la vallée, car l'hiver dernier, un épisode de pics de pollution aux particules a duré 36 jours.
Face à cette problématique, Frédéric Champly, responsable des urgences des Hôpitaux du Pays du Mont-Blanc, reconnaît que l'Etat ne donne "pas de réponses concrètes (...) mais l'État nous entend". Cependant, il a répété sur franceinfo, que "des mesures d'urgence sont à prendre", craignant l'hiver qui arrive.
#Pollution Vallée de l'Arve "La fréquentation des urgences ⤴️ pendants les pics, c'est l'exposition chronique qui tue les gens" F. Champly pic.twitter.com/I4Bf7vbK9A
— franceinfo (@franceinfo) 29 septembre 2017
franceinfo : Vous alertez depuis des années sur la pollution qui asphyxie cette vallée, avez-vous le sentiment d'avoir eu des réponses aujourd'hui ?
Frédéric Champly : Non, pas de réponses concrètes. On peut être un peu déçu parce qu'effectivement, on aurait aimé avoir des propositions, mais d'un autre côté c'est ce qu'on a depuis des années par l'enchainement des ministres qui passent ici, ou alors des présidents de Région comme Laurent Wauquiez, qui viennent avec un chéquier ou qui font des propositions qui ne sont pas suivies des faits. Donc on peut imaginer que la méthode qui est proposée, une méthode de travail, est en tout cas différente de d'habitude.
On peut noter qu'il y a eu trois ministres qui sont venus, donc cela souligne le caractère sanitaire grave de la situation. Ils ont d'ailleurs commencé leur conférence par la dernière étude faite en vallée de l'Arve, qui valide le fait qu'il y a 85 morts prématurés par an. Cela veut quand même passer un message : l'État nous entend et valide le fait que nous avons un problème de santé public, et donc il va s'y atteler, il s'y engage. Ils disent qu'ils vont faire des propositions qui se reposeront sur des experts. C'est franchement nouveau et je crois qu'on peut noter qu'on est avec des politiques d'une nouvelle génération.
Cela veut dire qu'il y a une part d'espoir chez vous ce soir ?
Oui bien sûr, il ne nous reste que ça. On a toujours de l'espoir et puis on attend des propositions concrètes. Certaines ont été faites : la gouvernance. C'est quelque chose de très nouveau, car rien n'est organisé. Jusque là, c'était un énorme foutoir. Il faut un chef d'orchestre, et M. Hulot propose d'organiser la gouvernance. C'est une mesure qui fait partie des fondements dans la résolution des problématiques compliquées comme ça. En tout cas il y a une réflexion derrière, et franchement ça change du discours habituel.
Après, savoir ce que cela va donner dans quelques temps, nous verrons bien. Mme Buzyn a pris la parole pour faire à son niveau quelque chose que nous, médecins, faisons depuis des années en douce, à savoir informer les écoles des conduites à tenir en période d'alerte. Mme Buzyn a saisi la Haute Autorité de Santé pour que des consignes soient rédigées et diffusées aux clubs de sport, aux écoles, et c'est vraiment la preuve qu'on tient compte de la problématique, et qu'on met en place des choses. C'est valider le problème.
La seule chose que je peux regretter, c'est qu'on se revoit en mars pour la feuille de route, et je crains l'hiver qui arrive. La population est très inquiète, si les conditions météo sont les mêmes que l'année dernière, ça va être l'enfer. Il n'y a pas de mesures, qui ne seront peut-être pas pérennes, mais qui permettront de passer cet hiver en attendant des mesures de fond qui seront proposées l'année prochaine, comme fermer l'incinérateur en période de pic, où aucun camion qui ne passe etc. Je ne pense pas que c'est la méthode de M. Hulot mais je pense que c'est une méthode qui doit être proposée pour cette hiver.
Un épisode de pollution sur un hiver, est-ce qu'il a des conséquences sur la santé ?
Bien sûr, il y a une augmentation de la fréquentation des urgences au moment des pics, il y a des crises d'asthme. Maintenant, c'est bien l'exposition chronique qui tue des gens. Si on traversait des pics, même extrêmement importants une fois tous les 4 ou 5 ans, on pourrait considérer qu'il y a très peu d'impact sur la santé. Mais quand vous cumulez pollution chronique toute l'année, car l'été on respire de l'ozone, les pics se surajoutent à cela. C'est du traitement qui fait passer des messages et qui est important.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.