: Reportage "Quand il pleut, on n'a pas envie de réserver des vacances" : en Normandie, les professionnels du tourisme s'inquiètent du mauvais temps
Le printemps et le début de l'été ont été très maussades sur presque l'ensemble de la France. Cette situation est due au phénomène de "goutte froide", cette masse d'air froid en altitude qui s'est installée non loin de l'hexagone au mois de mai et provoque des averses et des températures fraiches pour la saison. En Normandie, cette mauvaise météo du mois de juin et du début du mois de juillet inquiète les professionnels du tourisme. La fréquentation est en berne et le moral des commerçants aussi, notamment à Etretat et Le Havre où franceinfo s'est rendu.
Le ciel est gris, l'herbe est encore humide après la pluie de la matinée. On est bien loin des mois de juillet habituels à Etretat. "Une journée de soleil c'est dix réservations le soir, constate Guillaume Jullien-Hallot, le directeur du camping Abijune. Une journée de pluie c'est deux réservations seulement."
"Quand on est morose, qu'on est à la maison et qu'il pleut, on n'a pas envie de réserver des vacances. On a des emplacements vides, on ne finit pas complet comme d'habitude."
Guillaume Jullien-Hallot, le directeur du camping Abijuneà franceinfo
Le directeur du camping de continuer : "Depuis sept ans qu'on est ici, on a toujours affiché juillet-août complet. D'habitude, il nous reste deux ou trois places le matin, on les remplit dans la journée puis on renvoie les gens sur d'autres campings. Ça veut dire que je pense que les campings qui ne sont pas sur le littoral, contrairement à nous, souffrent à l'heure actuelle."
Près de 20% de fréquentation en moins
La carte postale maussade est la même au Havre. Les vagues sont là, les mouettes aussi mais pas les baigneurs. "L'eau n'est pas spécialement froide mais il y a beaucoup de vent et puis ce matin, il pleuvait", raconte Eric Baudet, directeur communication de l'office du tourisme au Havre et à Etretat. Lui aussi n'a vu que peu de monde dans ces locaux par rapport à l'an passé. "Si on prend les chiffres globaux sur nos trois points d'information, c'est-à-dire Le Havre centre, ici Le Havre plage et Etretat, on est à -18% de fréquentation pour mai, juin et mi-juillet."
Au port du Havre, les bateaux sont amarrés à quai et non en sortie en mer. "Il y a beaucoup de vent aujourd'hui, explique Cédric Blondel, directeur des sports nautiques de la ville. Un soir il y a eu le passage d'un front orageux, donc la mer est difficilement praticable. Par rapport à l'année dernière, on est à 15 à 20% de moins de réservations. Je ne sais pas encore si le mois de juillet sera un bon mois ou non."
Les professionnels espèrent un beau mois de septembre
Juste en face de l'école de voile, il y a Le bon retour, un bar ouvert seulement en été dont la terrasse est étrangement vide. "D'habitude, les gens restent un peu ici, ils traînent, mais là ils prennent un verre puis ils rentrent, observe Manon, serveuse pour la saison. On n'a que quatre tables à l'intérieur donc quand il ne fait pas beau, on peut accueillir moins de monde."
"On est un bar qui dépend vraiment de la météo. Ça nous est arrivé cette saison de fermer à 19 ou 20 heures, donc ça a un gros impact économique."
Manon, serveuse dans un bar du Havreà franceinfo
Le chiffre d’affaires du bar va ainsi baisser de 20 à 25% par rapport à 2023 pour ce début du mois de juillet. Et ce n'est pas près de s'arranger pour Eric Baudet, de l'office du tourisme : "S'il fait beau dans la deuxième partie du mois de juillet et en août, ça va limiter un peu les dégâts. Mais étant donné que le mois de juin n'a pas été non plus excellent, j'ai peine à croire que le mois d'août suffira pour rattraper. Cela dit, on a connu des arrière-saisons et des mois de septembre assez exceptionnels, donc ça peut être l'occasion de rattraper une partie du chiffre d’affaires perdu."
Et si ça ne suffit pas, certains sont prêts à développer de nouvelles activités en hiver, comme par exemple des cours théoriques sur la course au large proposés par le club de voile.
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