: Reportage Sécheresse dans les Pyrénées-Orientales : "Il faut qu'il pleuve, qu'il pleuve", implore le maire de Villefranche-de-Conflent
Le ministre de la transition écologique Christophe Béchu doit faire des propositions pour améliorer la gestion de l’eau dans le cadre du plan de sobriété de l’eau présenté mercredi 22 mars. Une cinquantaine de mesures sont attendues. Dans les Pyrénées-Orientales l’un des départements les plus touchés par la sécheresse un nouveau comité sécheresse est également prévu mardi en préfecture.
La région est déjà placée en situation d’alerte renforcée avec plusieurs mesures restrictives pour les particuliers et les collectivités locales, car l’absence de précipitations empêche les nappes phréatiques de se recharger avec des conséquences en cascade. C'est ce que constate, ces derniers temps Marcel un habitant qui vient souvent scruter le niveau du barrage de Caramany dans la vallée de l'Agly. "Pour nous, c'est catastrophique parce que je n'ai jamais vu le barrage aussi bas en 20 ans".
Aujourd’hui, il ne contient que 8,7 millions de mètres cube d’eau contre 19,5 millions à cette même période, détaille Magali Trillat la responsable du service barrage hydraulique au département des Pyrénées-Orientales : "Dans la situation dans laquelle on est aujourd'hui, sans eau supplémentaire, on peut à peine maintenir un tout petit débit à l'aval pour satisfaire les milieux et un peu d'eau potable sur les premières communes".
"Le département est confronté à la sécheresse la plus intense, la plus étendue et la plus forte qu'il n'ait jamais connue".
Magali Trillat, responsable du service barrage hydraulique au département des Pyrénées-Orientalesà franceinfo
Le barrage alimenté par l’eau de pluie permet d’irriguer toute la plaine agricole à l’aval jusqu'à la mer. Et s'il ne pleut pas dans les prochaines semaines, "c'est la première fois que peut-être, il n'arrivera pas à aboutir à son objet premier de faire du soutien de l'irrigation par exemple cet été", ajoute Magali Trillat.
Tout faire pour ne pas gaspiller l'eau
Quand on descend à pied sur les bords de l’Agly, le lit du fleuve est à découvert. "Il est asséché, il reste quelques flaques pas très grandes", constate, Olivier Richaud l’administrateur de la fédération de pêche des Pyrénées-Orientales. Il craint des interdictions de pêche sectorisée si la situation perdure, mais n’espère pas cette issue. "Il faut rester positif. On a eu l'ouverture de la truite samedi dernier. Les pêcheurs ont pu profiter sur le haut des bassins-versants. Donc j'espère que la pêche sera possible sur certains secteurs".
À une soixantaine de kilomètres, à Villefranche-de-Conflent cité millénaire. L’eau potable coule de nouveau depuis un mois. Les habitants en étaient privés depuis novembre après une rupture sur une canalisation. "On ne l'ouvrira pas trop longtemps pour ne pas gaspiller", explique le maire Patrick Lecroq.
Pour les besoins quotidiens, il a fait puiser de l’eau dans La Têt le fleuve qui traverse la commune déjà à un niveau bas. Pour l’eau potable, il a fallu creuser plus profond le puits de la commune pour retrouver la nappe phréatique. Son angoisse : qu’elle se tarisse encore. Alors avec la commune voisine, il a imaginé un système de partage de l’eau : mais le coût du projet est faramineux : 1 million d’euros. "C'est plus que le budget global d'une année". Aujourd’hui, il n’espère qu’une chose. "Il faut qu'il pleuve, il faut qu'il pleuve", implore le maire de Villefranche-de-Conflent.
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