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Sécheresse : il faut "anticiper et planifier le renouvellement du patrimoine", pour éviter les fuites dans les canalisations, affirme un expert

"Ce qui est important, c'est d'entretenir les canalisations régulièrement" a expliqué mardi sur franceinfo, Laurent Roy, directeur général de l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse. 

Article rédigé par franceinfo
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Réparations de fuites sur des canalisations d'irrigation (illustration). (CHRISTIAN WATIER / MAXPPP)

"Ce qui est indispensable, c'est d'anticiper et de planifier, l'entretien du patrimoine et le renouvellement à un rythme qui correspond à sa durée de vie", a affirmé mardi 10 mai sur franceinfo Laurent Roy, directeur général de l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse, alors que dans un contexte de forte sécheresse, les préfectures appellent notamment à lutter contre les fuites sur canalisation d'eau potable. Laurent Roy rappelle qu'un "rendement moyen de 80%" est fixé au niveau national pour la distribution de l'eau. Selon lui, dans le bassin de l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse, "on y est presque". Mais il ajoute que dans cette période de sécheresse et d'amplification du changement climatique, "tout le monde a quelque chose à faire pour économiser l'eau".

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franceinfo : Comment est-on arrivé à ces fuites sur les réseaux de distribution de l'eau ? Est-ce un manque d'entretien ou des séries de négligences ?

Laurent Roy : Ce qui est important, c'est d'entretenir le patrimoine régulièrement. Les canalisations, c'est un investissement à long terme. Cela coûte de l'argent. Mais si on se contente de ne le faire qu'une fois, et de ne pas avoir de programme de stratégie pour renouveler les canalisations régulièrement, on finit par être devant un mur d'investissements sans savoir le financer. Ce qui est indispensable, c'est d'anticiper et de planifier, de s'organiser au niveau du territoire et de planifier l'entretien du patrimoine et le renouvellement à un rythme qui correspond à sa durée de vie.

Beaucoup d'acteurs interviennent dans le domaine de l'eau. Est-ce que c'est l'origine de cette situation ?

En l'occurrence, le service public d'eau et d'assainissement est financé par le prix de l'eau. Chaque usager paie le prix de l'eau. Il y a une recette qui est consacrée au bon fonctionnement de l'eau potable et de l'assainissement grâce à ce prix facturé aux usagers. Ce qui est important, c'est de planifier et de se structurer au bon niveau. Parce que souvent, on constate qu'il y a des petites collectivités, des petites communes dans les territoires ruraux qui manquent de moyens pour faire face. Il est essentiel qu'elles puissent se regrouper. Il est essentiel qu'elles puissent se réunir pour faire les investissements nécessaires. Et derrière, l'Agence de l'eau est là pour accompagner.

Est-ce que l'on peut ne pas se rendre compte pendant des années qu'il y a des fuites et de grosses déperditions d'eau ?

Oui bien sûr. Au niveau national, le Grenelle de l'environnement demandait que l'on arrive à un rendement moyen national de 80%. On y est presque. Mais il y a encore des collectivités où l'on a des rendements qui sont inférieurs à 50%, à 40% parfois. C'est-à-dire que plus de la moitié des mètres cubes prélevés dans le milieu naturel se perd avant d'arriver au consommateur final. Et cela ne se voit pas forcément. Les tuyaux sont enterrés. Donc si nous n'avons pas une stratégie et des gens qui vont s'en occuper, qui vont planifier les investissements, on peut ne pas s'en rendre compte.

Dans la situation de sécheresse que l'on connaît et qui se reproduit chaque année, ces déperditions peuvent paraître stupéfiantes ?

Oui, mais ce n'est pas le seul sujet de gestion de la ressource. Parce que l'eau qui est perdue dans les canalisations, si on avait un point de vue un peu cynique, on pourrait dire, après tout elle retourne aux nappes. Alors ce n'est pas très intelligent, parce que c'est un peu Shadock. On pompe, on met dans les canalisations et on les perd. Il ne faut pas faire ça. C'est du gaspillage d'argent et d'énergie. Mais pour la gestion de la ressource, il faut une approche globale. Il faut faire feu de tout bois et jouer sur toutes les ressources. Éviter de perdre l'eau dans les canalisations, sûrement, mais tout le monde a quelque chose à faire pour économiser l'eau. L'eau, il vaut mieux prélever uniquement ce dont on a besoin au plus juste dans un contexte de forte sécheresse comme on va la connaitre cette année et de changement climatique qui va tendre les choses de plus en plus.

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