Sécheresse : pourquoi le débit du Rhône va-t-il être "en discussion" entre la Suisse et la France ?
C’est le plus puissant des fleuves français. Mais la difficulté, c'est qu'il prend sa source chez nos voisins, en Suisse. Depuis plus de dix ans, Paris demandait à Berne de revoir la gestion de son débit. La Suisse se dit désormais "prête à négocier avec la France un accord franco-suisse sur la régularisation du lac Léman", plus grande réserve d'eau douce d'Europe occidentale et par laquelle le Rhône passe.
"Cet accord permettra de coopérer avec la France afin de réguler le niveau des eaux du lac, notamment lors de crues ou de sécheresses", a indiqué dans un communiqué le gouvernement helvétique, après avoir approuvé "le mandat de négociation de la délégation suisse".
Un débit en baisse de 7% en cinquante ans
S'il faut négocier avec la Suisse, c'est qu'elle peut réguler le débit côté français. Le Rhône prend en effet sa source au glacier du même nom, au fin fond du Valais suisse. Mais c’est à Genève, 180 km plus loin, et après s’être jeté dans le Léman, qu’il ressort vers la France. Genève, qui a construit un barrage hydroélectrique sur le fleuve, est de ce point de vue responsable du débit côté français.
Un débit qui a diminué de 7% depuis les années 60 à la sortie du Léman. Il pourrait encore perdre 20% d’ici la moitié de ce siècle. Alors, ça ne veut pas dire que le fleuve sera à sec avec la disparition programmée des glaciers alpins. Mais ça veut dire que des variations plus importantes du niveau des eaux sont à prévoir, avec des sécheresses dès le printemps et des crues l’hiver quand il pleut plus qu’il ne neige.
"Face aux changements climatiques, l'accord franco-suisse permettra d'améliorer les échanges d'informations. Il se basera sur les prévisions au vu des risques pour les personnes et les biens et des possibles atteintes aux usages fondamentaux", indique le gouvernement suisse.
Nucléaire, agriculture, tourisme
En pleine période de sécheresse et au milieu d'une canicule tardive sans précédent, le Rhône fait l'objet de toutes les attentions, tant les enjeux sont nombreux côté français. Outre les questions importantes liées au tourisme, au commerce fluvial et à la production hydroélectrique, le cours d'eau est au cœur de deux questions primordiales. D'une part, l'activité agricole liée au fleuve. D'autre part, le volet nucléaire. Les eaux du Rhône servent en effet à refroidir quatre centrales nucléaires.
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