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Reportage Séisme en Turquie et en Syrie : "Il n'y a pas de sauveteur, et même si ma fille est morte, je veux creuser pour retrouver son corps", se lamente un père de famille

Ravagée par douze années de guerre, la Syrie traverse à présent l'une des pires crises humanitaires de son histoire après le tremblement de terre. Le bilan provisoire, ce mardi, fait état de 1440 morts. Les régions d'Idlib et d'Alep sont particulièrement touchées et l'aide internationale met du temps à arriver.
Article rédigé par franceinfo - Noé Pignède
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les secours sont à pied d'œuvre à Alep en Syrie pour sauver les victimes coincées sous les décombres. (LOUAI BESHARA / AFP)

Des corps sans vie enroulés dans des serviettes et déposés à même le sol. Ces scènes ont lieu près d'un hôpital de la région d'Idlib. Après le tremblement de terre, les secours se sont lancés dans une course contre la montre pour sauver un maximum de personnes.

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Dans cet hôpital, Ahmet, 55 ans, attend des nouvelles de l'une de ses filles. Blessée, elle est en salle d'opération. Ce Syrien a perdu l'une de ses petites-filles dans l'effondrement de sa maison. "Tous les bâtiments sont à terre. J’ai besoin d’une pelleteuse pour essayer de retrouver mes proches sous les décombres, mais je ne trouve personne pour m'aider." 

"Il n'y a pas de sauveteurs, pas de camion. Même si ma fille est morte, je veux creuser pour retrouver son corps."

Ahmed, Syrien de 55 ans

à franceinfo

Abdelmalik, lui, est ambulancier. Il a été envoyé dans un village près de la frontière turque, l'une des zones les plus touchées par le séisme. Ce secouriste se sent démuni. "Des blessés sont encore sous les décombres. Mais nous n’avons pas assez de camions pour déblayer. C’est pour cela que le nombre de morts ne fait qu’augmenter. Pour l’instant, on sort surtout des corps. Nous faisons de notre mieux, mais nous manquons de bras et d’équipements pour chercher les victimes. Nous ne recevons aucune aide ici. C’est un gigantesque désastre, on espère qu’on va enfin nous envoyer du secours." 

L'épicentre du séisme en Turquie, le 6 février 2023. (FRANCEINFO / DATAWRAPPER)

Le dictateur Al-Assad appelle à l'aide la communauté internationale

Dans la région d'Idlib, 3 millions de personnes vivent dans cette dernière enclave de la rébellion. Ce sont en majorité des déplacés. Avant cette catastrophe, l’ONU parlait déjà d’une zone plongée dans un désastre humanitaire. La situation est tout aussi dramatique dans les villes contrôlées par le régime de Bachar Al-Assad, comme Alep. Des quartiers entiers ont été détruits et des milliers de personnes se retrouvent sans abris.

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Dans ces quartiers totalement détruits, Mohammed a 60 ans erre entre les décombres. L'homme a tout perdu dans la catastrophe. "Nous avons besoin d’aide, de nourriture, de couvertures, nous avons besoin de refuges, nous avons besoin de tout... Les gens sont dans la rue, ils ont peur. Imaginez les enfants ! La situation est catastrophique."

"La guerre avait déjà presque tout ravagé et ce tremblement de terre, c’est encore pire."

Mohammed, 60 ans

à franceinfo

Bachar Al-Assad a annoncé une mobilisation de tous les moyens disponibles. Des moyens très limités, le régime, sous sanctions économiques, demande donc à la communauté internationale d’acheminer de l’aide de toute urgence.

Séisme en Syrie : le reportage de Noé Pignède pour franceinfo

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