Un an après la tempête Alex, l'amertume des habitants de Casterino, hameau encore isolé de la vallée de la Roya
Un hommage est rendu samedi 2 octobre aux victimes du passage de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes. Un an après, les travaux de reconstruction progressent mais n'ont pas encore atteint certains hameaux ou villages de la Roya.
"4X4 recommandés", avertissent les panneaux. Depuis Tende, il faut par endroits rouler sur des chemins caillouteux, bringuebalant entre des amas de pierres et les engins des travaux de reconstruction, prendre ensuite la route dite "des 46 lacets" avec un laissez-passer obligatoire. Des créneaux horaires évitent que des véhicules se croisent sur cette route sinueuse, vertigineuse, qui conduit au col de Tende. En haut, la RD 91, la seule qui mène à Casterino, est détruite depuis la tempête. C'est une autre piste, difficile, qui permet de rejoindre le hameau isolé.
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Anne Servel, la propriétaire de l'auberge Marie-Madeleine, est revenue ici au printemps. À part quelques randonneurs et vacanciers qui se sont aventurés jusqu'ici cet été, il n'y a plus personne. Alors la famille s'occupe comme elle peut : "On bricole, on s'occupe des animaux, des poules, des chiens... Mais elle essaie de voir le côté positif de cet isolement : On a découvert des pistes qu'on n'empruntait plus, des paysages, des animaux... C'est super !" Camille, sa fille, a plus de mal :"Mes parents, ils sont bien chez eux, ils aiment ça. Moi, c'est un peu plus dur de ne voir personne. C'était quand même assez touristique ici..."
"Un an plus tard, rien n'a été fait"
Le désenclavement du hameau se fait attendre, avec les conséquences économiques qui en découlent pour Casterino, d'habitude très touristique. Dominique, propriétaire d'une autre auberge, ne décolère pas : "Sur Casterino, en fait, on est le 3 octobre 2020. Un an plus tard, rien n'a été fait. On n'a pas eu de passage, on n'a pas eu de restauration, on n'a pas eu de bar. On a 86% de moins cette année par rapport aux autres années. Si la commune attend que la route soit ouverte pour faire des travaux, ça veut dire qu'il y aura encore une autre saison d'hiver qui sera fichue puisqu'il n'y a plus de pistes de ski de fond, il n'y a plus rien."
Au printemps dernier, les habitants ont pris les choses en main pour que des randonneurs puissent au moins arriver jusqu'au village : "On a pris des entreprises italiennes pour avoir du matériel, des tractopelles, etc. Et on a fait appel au bénévolat, explique Dominique. Un an après la tempête, ils doivent continuer à se débrouiller seuls. On n'est pas approvisionnés. Il faut qu'on aille, qu'on prenne notre voiture, qu'on fasse une heure et demie de route, donc trois heures de route au minimum pour aller chercher du pain, pour aller chercher le courrier... Il faut qu'on se débrouille."
"Cet hiver, je ferme et je m'en vais. J'ai peur de rester ici parce qu'il n'y a pas d'accès."
Dominique, propriétaire d'une auberge à Casterinoà franceinfo
André, lui, restera. Hôtelier, il s'apprête à passer son deuxième hiver isolé depuis la tempête, et ne devra encore une fois compter que sur lui-même. "On a acheté un barbecue pour le cas où il n'y aurait plus de gaz. Au moins on pourra se faire à manger..."
"Cela fait déjà un an qu'on est là, qu'on se débrouille tout seuls, qu'on n'a vu aucune machine autre que nous, continue André. Ce n'est pas normal de nous laisser comme ça !"
L'accès direct au hameau ne sera totalement rétabli que fin 2022. En attendant, pour aider les hôteliers, un dispositif d'accompagnement sera activé ce mois-ci.
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