Reportage Un an après la tempête Ciaran, Enedis muscle son réseau en Bretagne pour faire face au changement climatique

En novembre 2023, les vents violents avaient privé d'électricité plus d'un tiers des foyers en Bretagne. Le gestionnaire du réseau électrique se lance notamment dans l'amélioration de milliers de kilomètres de câbles, avec l'ambition d'intervenir plus vite auprès des clients.
Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des ouvriers remplacent les "fils nus" par les câbles torsadés à Brec’h (Morbihan). (LAURIANE DELANOE / RADIO FRANCE)

Un an après le passage de la tempête Ciaran, Enedis se lance dans un grand plan de reconstruction de 5 500 kilomètres, sur les 110 000 du réseau électrique breton ! Il y a un an, les vents exceptionnels de cette tempête ont dévasté le réseau, principalement dans le Finistère, les Côtes-d'Armor et le Morbihan. 35% des foyers bretons s'étaient retrouvés privés d'électricité (780 000 sur 2,2 millions de clients en Bretagne). Pour certains, cela avait duré trois semaines, le temps de réparer dans l'urgence. Un an plus tard, Enedis veut maintenant adapter son réseau au changement climatique et le rendre plus robuste face aux tempêtes.

Ce grand plan se décline en plein de petits chantiers sur le long des routes bretonnes. Ici, au bord d'un champ de maïs, près de Quimper, des ouvriers enterrent des lignes qui étaient jusque-là aériennes, sous l'œil de Pierre-Olivier Courtois, le chef du projet Reconstruction Bretagne. "Là, le réseau aérien passe à travers bois, observe-t-il. Quand un arbre est déraciné, il tombe sur le réseau et le hache menu, c'est ce qui s'est passé pendant la tempête Ciaran. Pourquoi on l'enfouit ? Parce que ça réduit le risque à zéro."

Une partie du chantier d’enfouissement d’une ligne moyenne tension à Ergué-Gabéric (Finistère), près de Quimper. (LAURIANE DELANOE / RADIO FRANCE)

Et là, dans un hameau du Morbihan, des ouvriers remplacent les "fils nus". À la place de ces fils en cuivre, non isolés, très fragiles, ils tirent des câbles torsadés, plus gros et enrobés d'isolant. "Un arbre tombe sur un câble torsadé, ce dernier tombe à terre, décrit-il. Il n'est pas dangereux car il est isolé, donc il n'y a pas de sécurité à avoir et il continue à alimenter les maisons."

Un objectif de réactivité

Ailleurs encore, c'est avec un drone que les opérateurs examinent les pièces à remplacer au plus vite, sur le réseau. Enedis accélère et élargit ainsi des travaux prévus avant la tempête. "Ce qu'on voulait faire avant la tempête Ciaran, c'était traiter 3 500 km de réseau, souligne Pascal Pouzac, le nouveau directeur d'Enedis en Bretagne. Maintenant, c'est de rajouter 2 000 km en plus à traiter par rapport au changement climatique qui est en train de s'accélérer."

"On peut penser raisonnablement qu'une tempête de même ampleur va se produire dans les années qui viennent. Nous, notre but, c'est de s'y préparer le mieux possible dans les cinq prochaines années."

Pascal Pouzac, directeur d'Enedis en Bretagne

à franceinfo

Les travaux n'empêcheront pas tous les dégâts, alors le directeur technique d'Enedis, Hervé Champenois, fixe un objectif de réactivité. "Lors de la tempête Ciaran, on a réalimenté 90% des clients en quatre jours, rappelle-t-il. Certains clients ont été coupés plusieurs semaines. L'ambition qu'on a en faisant des travaux comme ça, quel que soit l'impact de la tempête, c'est de réalimenter 90% des clients en moins de 48 heures et d'abaisser aussi le nombre de clients touchés."

C'est l'objectif national. Enedis mène donc aussi des travaux d'adaptation des réseaux ailleurs qu'en Bretagne, contre les inondations, dans le Nord, ou les canicules, dans le Sud-Est. À l'échelle nationale, le gestionnaire des réseaux moyenne et basse tension investit chaque année 1,3 milliard d'euros en moyenne dans ces travaux.

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