Grève des urgentistes : selon un sénateur socialiste, le projet de loi Santé n’est qu’une « réformette » qui ne résoudrait pas la situation
Ce mardi, lors des questions au gouvernement du Sénat, le financement de le Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) a été questionné et la sonnette d’alarme concernant la situation des urgentistes a été tirée.
Aujourd’hui, 95 services d’urgence étaient en grève afin de réclamer plus de moyens humains et financiers. Hasard du calendrier, cette mobilisation coïncide avec le jour du vote solennel des sénateurs sur le projet de loi Santé. Une « réformette » à entendre le sénateur socialiste Jean-Louis Tourenne, qui déplore des mesures en forme d’« incantations ». « Appeler cette réforme réformette n’est pas digne », lui a rétorqué la ministre des Solidarités et de la Santé. Agnès Buzyn s’en est alors prise à la précédente réforme du système de santé, en 2016, qui « n’a pas laissé les hôpitaux dans un meilleur état qu’ils ne l’étaient auparavant » avant de promouvoir son propre projet de loi : « Je viens de dégager plus de 700 millions d‘euros pour l'hôpital, avec une augmentation des tarifs pour 2019 et j’ai demandé que soit fléché une partie de ce budget pour améliorer les conditions de travail dans les services, notamment afin de les rénover. »
La ministre a également rappelé les mesures proposées devant le Congrès national des urgences de jeudi dernier, lesquelles « visent à donner des rémunérations individuelles aux soignants soumis à des rythmes et des conditions de travail difficiles ». Une « prime de risque » qui « va être harmonisée partout sur le territoire ». « J’y reviendrai dans le détail d’ici la fin de la semaine » a-t-elle assuré. Pas de quoi convaincre le sénateur socialiste, qui lui a reproché de « puiser à pleines mains dans le budget de la Sécurité sociale » pour financer sa réforme. Ce matin, la Commission des comptes a en effet prévu qu’en 2019, le montant du déficit de la Sécu se situerait entre 1,7 et 4,4 milliards d'euros, alors que le gouvernement tablait sur un retour à l’équilibre cette année.
Financement de la SNSM : « Nous devons donc nous interroger sur la permanence de ce modèle. »
« La République sait reconnaître ses héros », a affirmé Edouard Philippe lors des questions au gouvernement du Sénat. Ces héros, ce sont les membres de la Société nationale de sauvetage en mer. Vendredi dernier, trois d’entre eux sont morts en tentant de porter secours à un marin-pêcheur en détresse. « Je voudrais que vous preniez un engagement : tirer toutes les leçons de ce drame », implore Bruno Retailleau, sénateur (LR) de la Vendée. Par-là, il faut entendre revoir le modèle de financement de la SNSM. En 2017, 80% de ses ressources provenaient de donateurs privés. « Le modèle du sauvetage en mer n’est pas un modèle qui repose sur très fortes sommes : il repose sur bénévolat. Nous devons donc nous interroger sur la permanence de ce modèle », a reconnu le Premier ministre. Et d’ajouter que le prochain comité interministériel de la mer en sera l’occasion. L’été dernier, le secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, avait déclaré qu'une partie de la fiscalité générée par les parcs éoliens en mer serait redistribuée à la SNSM. Une ressource qui pourrait atteindre jusqu'à 2 millions d'euros par an.
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