Accident d'une centrale: 75 morts, selon Poutine

Les disparus de l'accident de la centrale hydroélectrique doivent être considérés comme morts, selon Vladimir PoutineLes disparus de l'accident de la centrale hydroélectrique doivent être considérés comme morts, selon Vladimir Poutine

Cela porterait à 75 morts le bilan de la catastrophe de lundi à Saiano Chouchenskaïa, alors que 49 personnes n'ont toujours pas été retrouvées et que le bilan officiel est de 26 morts.

Un groupe de rebelles tchétchènes, a affirmé vendredi avoir provoqué l'accident. Les autorités russes ont affirmé ne pas prendre au sérieux cette revendication.

Le Premier ministre russe effectuait vendredi une visite à la centrale de Saiano Chouchenskaïa, dans la région de Khakassie (Sibérie), où 2000 personnes fouillaient encore les débris. Vladimir Poutine a annoncé une compensation financière pour les familles des victimes de l'accident spectaculaire qui s'est produit sur ce site, l'un des plus grands du monde.

Il a aussi demandé au ministère de l'Energie et au groupe Rushydro, qui gère la centrale, de lui présenter un plan de reconstruction de la centrale d'ici six semaines. Il a par ailleurs chargé les ministères de l'Energie et de la Justice d'élaborer un projet de décret gouvernemental sur la possibilité de mettre en oeuvre temporairement une régulation des prix de gros sur le marché de l'électricité.

Jeudi, le Premier ministre avait exigé l'inspection de tous les sites stratégiques de Russie. Il a dénoncé un manque de "discipline" dans l'entretien des sites de ce genre.

Revendication d'un groupe tchétchène

Un "Bataillon des martyrs" a affirmé, sur un site proche des rebelles tchétchènes, être à l'origine de la catastrophe. Il s'agit d'un groupe qui était auparavant dirigé par Chamil Bassaïev, le chef de guerre radical tchétchène qui a organisé notamment la prise d'otages de l'école de Beslan en septembre 2004 et a été tué en 2006. Dans le même message, le groupe a revendiqué l'attentat suicide du 17 août contre le quartier général de la police de Nazran, en Ingouchie, qui a fait 25 morts.

Le parquet fédéral russe a affirmé qu'il n'y avait aucune preuve de sabotage. Et Moscou ne commentera pas ces revendications "ridicules", a déclaré à Reuters une source au Kremlin.

Les conditions de l'accident

L'accident a été provoqué par une brusque élévation de la pression de l'eau dans une des dix turbines. La centrale hydroéléctrique de Saïano Chouchenskaïa, située sur le fleuve Iénisseï, dans la région de Khakassie, est l'une des plus puissantes du monde. Son activité a été interrompue.

Des critiques se sont élevées contre la lenteur des autorités à communiquer des informations. Les familles de salariés portés disparus ont exigé mercredi des explications, au cours d'une réunion houleuse avec des représentants des autorités locales.

L'irruption de l'eau a provoqué un "choc" qui a détruit la turbine" et une partie du plafond et du mur de la salle des turbines, a expliqué un porte-parole du ministère local des Situations d'urgence.
Selon Andreï Mitrofanov, ingénieur en chef de la centrale, cité par l'agence Itar-Tass, "environ 300 personnes" se trouvaient sur son territoire au moment de l'accident.

La reconstruction de la centrale pourrait prendre plusieurs années.

Le fleuve Ienisseï pollué

40 tonnes de produits pétroliers se sont déversés dans le fleuve Ienisseï suite à l'accident. Une nappe de 15 km de long flotte sur l'eau. La pollution a tué 400 tonnes de truites d'élevage, selon l'Agence fédérale pour la pêche, citée par Ria Novosti.

Une des centrales les plus puissantes du monde

La centrale de Saïano Chouchenskaïa, à environ 4300 kilomètres à l'est de Moscou, a été construite il y a 30 ans par le pouvoir soviétique. C'est l'une des plus puissantes du monde, avec une capacité de 6,4 millions de kilowatts/heure. Son barrage, qui culmine à 245 mètres de hauteur, est long de 1.074 mètres.

Le Service fédéral des tarifs n'a pas exclu que la Russie toute entière soit contrainte de revoir son programme énergétique: "Nous n'excluons pas que l'assiette énergétique de 2010 soit revue puisqu'elle avait été établie en prenant en compte la production de la centrale", a déclaré une porte-parole, Anna Martynova, citée par Interfax.

Le secteur électrique russe, longtemps privé d'investissements, est de manière générale dans un état très vétuste.