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Afghanistan : le divorce n’est toujours pas le choix des femmes

Face à un niveau catastrophique de violences domestiques, des femmes afghanes militent pour développer les procédures de divorce. Mais bien que légal et accepté par l’islam, le divorce est peu réclamé par les femmes. La société, en effet, place l’épouse séparée dans une situation économique et sociale intenable.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (AFP/Alexander Nemenov)

En Afghanistan, le mariage est censé durer toute une vie. Le taux de divorce est très bas. Mais lorsqu’un mariage échoue, les torts sont presque toujours imputés à la femme. Si le mari divorcé peut refaire sa vie, il en va tout autrement pour la femme. Pour celle-ci, le divorce est considéré comme une disgrâce. On attribue à l’épouse une mauvaise influence, dans la mesure où elle n’a pas protégé son mariage, même en cas de violences conjugales.

L’homme se voit également accorder la garde des enfants. Et si exceptionnellement, la mère l’obtient, elle devra se séparer d'eux en cas de remariage. Un Afghan n’élèvera jamais la progéniture d’un autre homme.

Au-delà du remariage, les défis ne manquent pas pour une femme divorcée. Elever ses enfants seule est encore plus hypothétique ici que partout ailleurs dans le monde. En Afghanistan, une femme ne peut pas vivre sans un mari. Dans les zones rurales, elle ne possède même pas de papiers d’identité. Elle n’a aucune formation lui permettant de trouver un emploi. Et si cette femme divorcée a des filles, leur avenir sera bien sombre. Elles auront du mal à trouver un mari, tant l’échec du mariage de leur mère pèsera sur elles.

Pour l’épouse, la seule option est de retourner vivre chez les parents, ce qui n’est pas toujours accepté par la famille. Une bouche de plus à nourrir est un fardeau dont les plus pauvres se passent volontiers. Alors si en plus, il y a des enfants !


Le divorce non seulement détruit la réputation d’une femme, mais jette également le discrédit sur toute sa famille. Alors, une épouse aussi malheureuse ou en danger soit-elle, est fermement encouragée par sa famille à rester vivre avec son bourreau. Pas étonnant si, selon un rapport des Nations unies, seulement 5% des cas de violence conjugale donnent lieu à des poursuites judiciaires. Ce rapport de 2015 précisait que les femmes préféraient avoir recours à la médiation.

Le fonds d’aide juridique, déployé avec le soutien des Nations unies, est d’ailleurs peu utilisé. Selon l’AFP, il n’a traité que 82 dossiers de divorce ces trois dernières années. Si le nombre de séparations a beaucoup augmenté en Afghanistan, cela reste encore très souvent le pouvoir des hommes. Et si l’islam n’interdit pas le divorce, il ne l’encourage pas non plus.

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