Afghanistan : deux ans après l'arrivée des talibans au pouvoir, le difficile travail des ONG
Avant le 15 août 2021, date de la prise de pouvoir par les talibans en Afghanistan, on recensait plus de 1 200 ONG qui intervenaient dans des programmes d'aide alimentaire, dans les domaines de la santé ou de l'éducation. Aujourd'hui, plus de 80% des organisations non gouvernementales (ONG) ont arrêté totalement ou partiellement leurs activités en Afghanistan à la suite de plusieurs décisions édictées par les Talibans.
En décembre 2022, par exemple, le ministère afghan de l'Économie a annoncé que les femmes afghanes ne pourraient plus travailler pour des ONG internationales. Les fondamentalistes ont prétexté que des plaintes avaient été déposées pour non-respect du port du voile intégral et du principe de ségrégation entre hommes et femmes sur le lieu de travail.
Les femmes interdites dans les ONG
Or les femmes représentaient entre 30 et 45% du personnel des ONG. Sans elles, il est pratiquement impossible pour ces organismes de fonctionner. La communauté internationale n'a cessé de réclamer aux autorités talibanes qu'elles reviennent sur cette interdiction faite aux femmes, qui dégrade fortement le volume d'aide humanitaire fournie au pays. Récemment, quelques rares ONG comme Care et Save the Children ont pu reprendre leurs activités avec du personnel féminin, après avoir reçu l'assurance des autorités talibanes que les femmes pourraient continuer à travailler, mais uniquement dans le secteur de la santé.
Une autre décision a fortement ralenti le travail des organisations internationales en Afghanistan. En avril 2023, les talibans ont interdit aux femmes afghanes de travailler pour l’ONU. Il faut savoir que les Nations unies répondent aux besoins de près de 20 millions de personnes en Afghanistan. Cette décision avait aussitôt été condamnée par le Conseil de Sécurité qui avait parlé d'une mesure compromettante pour les droits humains et les principes humanitaires.
Pression des talibans
Les organisations qui dépendent des Nations unies (comme ONU Femmes Afghanistan par exemple) emploient désormais du personnel féminin, mais uniquement d'origine étrangère. Un personnel qui subit une pression permanente des fondamentalistes. Les autorités talibanes avaient d'ailleurs demandé que les employées afghanes soient remplacées par des hommes, ce qu'ont refusé de faire les Nations unies.
La cheffe de la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan n'avait pas manqué de souligner à l'époque les contradictions des talibans : ils demandent à être reconnus par l’ONU mais agissent contre les valeurs fondamentales de la charte des Nations unies.
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