Cet article date de plus d'un an.

"Le monde entier doit entendre que les talibans n'ont pas changé" : deux ans après la prise de Kaboul, la résistance des femmes afghanes

Mardi 15 août marque le second anniversaire de la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan et le bilan est catastrophique. Pour les femmes Afghanes, c'est un retour en arrière considérable. Les talibans n'ont cessé de multiplier les restrictions.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une fresque vandalisée par les Talibans sur l'ancien mur du ministère des femmes à Kaboul, le 10 janvier 2022 (PHILIPPE DE POULPIQUET / MAXPPP)

Le 15 août 2021, les talibans rentrent dans Kaboul et prennent le pouvoir. Depuis 85% du pays vivrait dans la pauvreté, selon le dernier rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Des milliards de dollars d'aide internationale ont été coupés à la suite de la prise du pouvoir par les talibans affectant considérablement l'économie afghane, déjà malmenée par des décennies de guerre. Les talibans multiplient les restrictions de liberté. Pour les femmes, c’est un retour en arrière considérable.

Des militantes féministes toujours mobilisées

Pourtant des voix dissidentes de militantes féministes se font entendre. Sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux il y a quelques jours, des femmes marchent dans une rue de Kaboul et se filment alors qu'elles lisent un texte contre le régime taliban qu'elles appellent terroriste. Des voiles sombres couvrent leurs cheveux, des masques sanitaires dissimulent la moitié de leur visage. Malgré les risques, les femmes continuent de se mobiliser sous le régime taliban. "Le 12 août, nous voulions manifester tôt le matin. L'une de nos amies a été arrêtée par les talibans à son domicile et deux autres ont été battues, raconte Zholya une ancienne enseignante, jointe par téléphone. Nous sommes devenues plus agressives, quand d'autres amies ont été arrêtées."

 Zholya explique qu'elle trouve encore plus de force et d'énergie pour manifester, pour venger ses amies et défendre ses droits et ceux de toutes les femmes afghanes. "Le monde entier doit entendre que les talibans n'ont pas changé et qu'ils sont les mêmes qu'il y a 20 ans", déclare-t-elle.

Une vie recluse et encadrée

Depuis deux ans, les droits des femmes ont été continuellement restreints. Elles n'ont plus le droit de travailler dans la plupart des secteurs professionnels, ainsi que pour des ONG. L'accès aux bancs publics, aux parcs, aux salles de sport, aux salons de beauté leur est interdit. Elles doivent porter le voile intégral, être accompagnées d'un homme, de leur famille pour des trajets de longues distances. Les collèges, les universités leur sont aussi interdits. Une vie recluse, à laquelle Setayesh, âgée de 14 ans, résidante de Kaboul, ne se fait pas : "Parfois, quand je sors, je me sens mal à l'aise. Je ne me sens pas heureuse." 

"Nous ne sommes plus heureuses. Nous avons déjà tout perdu dans notre vie."

Setayesh, résidante de Kaboul

à franceinfo

L'adolescente raconte qu'elle était dans une équipe de football, qui lui est désormais interdit d'intégrer. L'école manque également à Setayesh : "Je ne peux plus aller à l'école. Tout le monde a besoin d'aller à l'école et c'est l'endroit que j'aimais le plus dans mon pays. Mais malheureusement, je ne peux plus y aller." 

Setayesh rêve qu'un pays lui offre l'asile et lui permette de pouvoir retrouver les bancs de l'école afin de réaliser son rêve de devenir un jour chirurgienne.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.