Afghanistan : "La France va encore être le pays européen à n'accueillir pratiquement personne", s'inquiète le Collectif pour une nation refuge
La membre du CNR Marie-Laure Malric dénonce la réticence d'Emmanuel Macron et de la France à accueillir plus de quelques centaines de réfugiés afghans, notamment des femmes, dont la vie est gravement menacée par l'arrivée des talibans au pouvoir.
"On va encore être, la France, le pays européen à n'accueillir pratiquement personne", déclare sur franceinfo Marie-Laure Malric, membre du CNR (Collectif pour une nation refuge), une des initiatrices de la pétition, soutenue par plusieurs artistes et femmes politiques françaises, qui réclament un "accueil inconditionnel des femmes afghanes" et de leurs familles, menacées par la prise de pouvoir des talibans à Kaboul.
"Ce n'est plus possible d'être gouverné par la peur."
Marie-Laure-Malricà franceinfo
franceinfo : Quelle est la situation sur place ?
Marie-Laure Malric : C'est l'horreur. J'ai des appels absolument désespérés de femmes qui tentent tout pour partir. La situation à l'aéroport de Kaboul change d'heure en heure, parfois il y a des gens qui peuvent rentrer, ce sont ceux qui ont la green card ou un passeport français. C'est le chaos, c'est l'horreur et apparemment la France en est à 570 personnes quand le Canada dit pouvoir accueillir 20 000 personnes, l'Allemagne 10 000. On va encore être, la France, le pays européen à n'accueillir pratiquement personne. En entendant les discours d'Emmanuel Macron cela nous a glacés d'effroi, en entendant un homme dire qu'il faut avoir peur de ces femmes, de ces gens qui fuient les talibans, qu'il va falloir se protéger. Ce discours de peur qu'on nous sert sans arrêt, ça suffit.
Est-ce que les femmes sont vraiment la cible des talibans ?
Les femmes qui ne sont pas à Kaboul ne pourront rien faire, elles vont juste subir le joug des talibans. C'est déjà le cas dans le pays depuis quelques années, mais là ils vont imposer leurs lois. Elles ne peuvent pas sortir seules sans être accompagnées d'un homme, sans porter la burqa. On attend de voir ce qui va se passer, mais a priori elles ne vont pas pouvoir continuer leurs études, ne vont pas pouvoir travailler, simplement quelques infirmières éventuellement. C'est une tragédie.
"Toute personne qui sera considérée comme homosexuelle sera immédiatement tuée."
Marie-Laure Malricà franceinfo
Dans votre pétition vous parlez de soumission, de viol, de mort. Cela va jusque-là ? Qu'en est-il des minorités ?
Bien sûr. Les femmes vont être lapidées. Il y a un droit de vie et de mort absolu sur les femmes. En Afghanistan l'homosexualité n'est pas censée exister. Donc toute personne qui sera considérée comme homosexuelle sera immédiatement tuée.
Peut-on parler de nouveaux talibans ?
Il y a quelques mois Kaboul a été l'endroit d'attentats les plus sanguinaires qu'on n'ait jamais vu, notamment dans une maternité, dans une université. Ce sont les mêmes personnes qui ont fait ces attentats qui sont au pouvoir. C'est compliqué d'imaginer que ces hommes puissent devenir des agneaux après.
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