Cet article date de plus de deux ans.

Afghanistan : le chef suprême des talibans ordonne de ne pas "punir" les fonctionnaires de l'ancien gouvernement

Un rapport réalisé par des ONG a documenté des exécutions sommaires et des disparitions forcées d'ex-agents de la police et du renseignement, malgré l'amnistie générale promise lors de l'arrivée au pouvoir des fondamentalistes islamistes.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un membre des talibans lors d'une opération contre l'Etat islamique, le 15 novembre 2021 à Kandahar (Afghanistan). (JAVED TANVEER / AFP)

Le chef suprême des talibans, le mollah Hibatullah Akhundzada, a ordonné à ses troupes de ne pas punir les fonctionnaires de l'ancien gouvernement afghan, selon des propos rapportés sur Twitter par un porte-parole des talibans, jeudi 30 décembre. "Respectez mon amnistie et ne punissez pas les employés du précédent régime pour leurs crimes du passé", a-t-il déclaré mercredi soir à Kandahar, un fief taliban. Toujours selon la même source, Hibatullah Akhundzada s'exprimait devant des responsables afghans. Il n'a pas été vu en public, filmé ou photographié depuis des années.

Ces déclarations interviennent après une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, dans laquelle on voit un ancien officier de l'armée être passé à tabac dans une cellule par deux combattants talibans. L'émirat islamique, nom donné par les talibans à leur régime, a annoncé qu'un des soldats serait sanctionné.

Des ONG font état d'exécutions sommaires

A leur arrivée au pouvoir mi-août, les talibans avaient décrété une amnistie générale et assuré que les anciens militaires ou employés de l'ancien gouvernement afghan n'étaient pas menacés. En dépit de ces promesses, l'ONU et les ONG Amnesty International et Human Rights Watch ont fait état d'"allégations crédibles" (en anglais) sur l'exécution sommaire ou de la disparition forcée de plus de 100 ex-agents de la police et du renseignement. Mardi, une trentaine de femmes ont manifesté dans Kaboul pour leurs droits, mais aussi pour demander aux talibans d'arrêter leur "machine criminelle" et les assassinats de membres de l'ancien régime.

Dans son discours, Hibatullah Akhundzada a également appelé les autorités locales et les chefs tribaux à faire en sorte que les Afghans n'aient pas envie de quitter le pays et que "leur honneur soit protégé" "Les Afghans ne sont pas respectés dans les autres pays, donc aucun Afghan ne devrait quitter le pays". Le service délivrant les passeports a été pris d'assaut lors de ses rares moments d'ouverture. Beaucoup tentent d'échapper à la crise humanitaire grandissante frappant le pays, privé d'aide internationale depuis l'arrivée au pouvoir des talibans et le retrait des troupes de l'Otan.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.