Election présidentielle en Afghanistan, une affaire d'hommes
Depuis l’ouverture de la campagne électorale, les attaques suicide et attentats divers se multiplient. Onze hommes, dont la candidature a été homologuée, font campagne à travers le pays. Au départ, 26 personnes ont déposé leur dossier de candidature à la candidature auprès de la commission électorale.
Mais à l’instar de Khadija Ghaznawi, seule candidate en lice, beaucoup d’entre eux pensant avoir rempli toutes les conditions et passé tous les barrages se sont vus disqualifiés sans motif, ni raison valable. Ou comme Fawzia Koofi qui, elle, n’a carrément pas pu poser sa candidature parce qu’à 38 ans elle ne répondait pas aux critères d’âge minimum. Plus aucune femme n’est donc dans la course.
Ils sont désormais onze postulants, onze hommes forts, chefs de clan ou ex-seigneurs de guerre prêts à en découdre pour le poste suprême (ticket à trois avec deux postes de vice-présidents). Ils vont remplacer Hamid Karzaï qui ne peut plus prétendre à sa propre succession. Il se pose en observateur extérieur, au-dessus de la mêlée. Il semble en réalité moins serein qu’il n’y paraît, et manœuvrerait en sous-main pour favoriser des hommes à sa convenance.
Les talibans, quant à eux, estiment que ces élections sont truquées et ils ont prévu de les boycotter. Les candidats se savent des cibles, alors que les talibans multiplient les assassinats, les attentats suicide et attaques sur les routes autour de la capitale, mitraillant des postes de police ou installant des barrages sauvages.
«Le plus dangereux pour la tenue des élections serait qu’un candidat soit assassiné. Le scrutin risquerait d’être décalé et Karzaï resterait au pouvoir. On ne pourrait alors pas exclure une montée des tensions entre Tadjiks et Pachtounes (les deux ethnies majoritaires du pays), voire des affrontements», expliquait récemment à Kaboul un diplomate occidental à Libération.
Ces élections, les troisièmes depuis la chute des talibans, sont pourtant capitales dans la mesure où elles seront suivies du départ des 87.000 soldats de la mission de l’Otan. Laissant ainsi le champ libre à une reprise des hostilités en tous genres, si un pouvoir fort ne s’impose pas.
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