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Algérie : violentes agressions contre neuf enseignantes, les suspects arrêtés

Dans la nuit du 17 au 18 mai, neuf institutrices ont subi deux heures durant une violente agression dans un logement de fonction collectif d'un établissement scolaire de Bordj Badji-Mokhtar, situé près de la frontière avec le Mali. 

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Temps de lecture : 2min
C'est à 700 km d'Adrar, au sud de l'Algérie, que les neuf enseignantes ont été agressées mi-mai 2021 (photo d'archives de la palmeraie d'Adrar, le 17 septembre 2005).  (BOURSEILLER PHILIPPE / HEMIS.FR / HEMIS.FR)

L'affaire a soulevé une grande indignation en Algérie. Dans la nuit de lundi 17 à mardi 18 mai, neuf institutrices ont été la cible d'une violente agression dans un logement de fonction collectif d'un établissement scolaire de Bordj Badji-Mokhtar, à plus de 2 000 km au sud d'Alger, près de la frontière avec le Mali. Neuf suspects ont été arrêtés, dont quatre sont passés aux aveux, rapporte l'agence officielle APS, citant le parquet régional. Selon le premier procureur général adjoint de la Cour d'Adrar (extrême-sud du pays) Mahmoud Bouleksibat, cité par APS, les neuf institutrices ont été victimes d'une violente agression physique ayant occasionné des blessures. 

"Récit glaçant"

Selon le quotidien El Watan, qui a recueilli des témoignages sur place, les institutrices se "sentent seules et terrorisées". "Crois-tu qu’un voleur resterait deux heures à tourner en rond ? Ils nous ont alignées et prenaient à chaque fois une d’entre nous seule vers la chambre. Ils ne sont pas venus pour voler", confie une institutrice à Halima Ahsini de la commission femme du SATE (Syndicat algérien des travailleurs de l’Education), citée par le journal. Le parquet n'a confirmé qu'une seule agression sexuelle. L'affaire a créé un grand traumatisme.

Toujours selon El Watan, 57 enseignantes ont quitté, jeudi 20 mai, la ville par avion, 38 autres par la route jusqu’à Adrar (770 km en grande partie de piste). "Il n'y aura pas de reprise des cours tant que les conditions de sécurité des enseignantes ne seront pas convenablement assurées. On ne va pas renvoyer (à l'école) nos filles pour qu'elles se fassent agresser une nouvelle fois", a affirmé à l'AFP Mohamed Belamri, secrétaire général du Syndicat algérien des travailleurs de l'Education (SATE).

"Agression infâme"

Le ministre de l'Education Mohamed Ouadjaout a promis que justice serait rendue et que "tout individu impliqué dans l'agression infâme dont ont été victimes des enseignantes innocentes aura la peine qu'il mérite". Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), parti laïc d'opposition, a fustigé un "acte d'un autre âge (qui) (...) pose avec acuité la fragilité lancinante du statut de la femme" algérienne.

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