Assassinat d'un dirigeant du FLN par l'armée française : "Il fallait une reconnaissance par l'Etat", estime l'historien Benjamin Stora
"Il fallait une reconnaissance par l'État, et la prise de position du président de la République est importante", réagit samedi 2 novembre sur franceinfo, Benjamin Stora, historien spécialiste de l’Algérie, au lendemain de la reconnaissance par Emmanuel Macron de l'assassinat de Larbi Ben M'hidi, dirigeant du Front de libération nationale (FNL), par des militaires français. "Son nom est très peu connu par les Français, mais son rôle est important parce qu'il fait partie de ceux qui ont déclenché l'insurrection du 1er novembre 1954 [qui ouvrit la guerre d'Algérie]", rappelle l'historien.
Pour Benjamin Stora, cette reconnaissance s'inscrit dans "une suite d'activités mémorielles" et "d'autres gestes dans ce sens" sont attendus. L'historien pense notamment à la "restitution des objets". Auteur d'un rapport sur les questions mémorielles franco-algériennes en 2021 remis au président, Benjamin Stora appelle à "restituer les biens spoliés au moment de la colonisation". L'historien a proposé à Emmanuel Macron de restituer "certains biens symboliques appartenant à l'Émir Abd el-Kader [fondateur de l'État algérien], en particulier son bâton de commandement, son épée, son burnous, mais aussi le Coran qu'il portait sur lui."
Ce travail de mémoire et de réconciliation est un travail de longue haleine après 132 ans de présence française en Algérie. "Cette bataille mémorielle est entravée très souvent par la politique et les activités diplomatiques", déplore l'historien. "Est-ce que la poursuite du travail historique va réussir précisément à contenir les difficultés politiques ou diplomatiques ? C'est le véritable enjeu dans les jours qui viennent, dans les semaines qui viennent", estime Benjamin Stora.
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