Disparition de Boualem Sansal : "La mobilisation du monde littéraire n'est que symbolique", regrette l'écrivain Philippe Claudel
"Le monde littéraire se mobilise, mais cette mobilisation est symbolique car nous n'avons aucun pouvoir", regrette dimanche 24 novembre sur franceinfo l'écrivain Philippe Claudel, président de l’Académie Goncourt, alors que l'on est toujours sans nouvelles de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal depuis le 16 novembre et son arrivée à Alger.
Philipe Claudel juge "très inquiétant le silence" autour de la disparition de l'écrivain connu pour ses écrits critiques envers le pouvoir en place en Algérie. L'agence gouvernementale algérienne APS confirmait vendredi sur son site internet "l'arrestation" de l'écrivain, sans donner plus de précisions. Philippe Claudel voit dans cette arrestation un geste "autoritariste" qui démontre ainsi, selon lui, "la vraie faiblesse" de l'Algérie.
"Si un écrivain ne peut même plus critiquer l'histoire de son pays et les positions politiques de son pays, on est vraiment dans une dictature."
Philippe Claudelà franceinfo
Le président de l'Académie Goncourt présente l'écrivain franco-algérien comme un "esprit libre" qui a "toujours dénoncé les travers de la société algérienne des années 1990 et les travers de l'islamisme" et qui "a pris position par rapport au Sahara occidental".
"Victime collatérale"
Philippe Claudel considère par ailleurs que Boualem Sansal est "une victime collatérale" de la campagne de discréditation menée, d'après lui, par le pouvoir algérien à l'encontre d'un autre écrivain franco-algérien, Kamel Daoud. "Je ne peux pas m'empêcher de penser que l'attribution du Goncourt à Kamel Daoud pour son roman Houris [Gallimard] a joué également", souligne-il.
Philippe Claudel soutient la proposition faite vendredi sur franceinfo par l'académicien Jean-Christophe Rufin de faire entrer Boualem Sansal à l'Académie française via une "élection d'urgence". Philippe Claudel juge cette proposition "formidable" et appuie donc "cette initiative".
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