Algérie : le bilan mitigé de la contestation populaire "Hirak", un an après le début des manifestations
Les manifestations du "Hirak", le "mouvement" lancé en février 2019 contre la répression et l'influence des militaires sur la vie politique algérienne, se poursuivent. Le changement de président n'a fait que cacher la permanence du pouvoir de l'armée.
La date qui restera sera celle du 22 février 2019, même si les étudiants algériens étaient descendus dès le 16 février 2019 dans les rues du pays. Un an après le soulèvement de la population contre un cinquième mandat présidentiel d'Abdelaziz Bouteflika, et quelques semaines après l'élection d'un nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, les militants de cette révolution algérienne dressent le bilan de leur lutte.
Répression et mainmise des militaires
Si la mobilisation se poursuit, la répression aussi. Sur ce point la situation du pays n’a finalement guère évolué en un an. Les Algériens ont réussi à s'unir dans la rue chaque semaine pour affronter le pouvoir mais les arrestations ne cessent pas, comme le confirme le syndicaliste Kaddour Chouicha : "C'est pendant le Hirak que j'ai été arrêté quatre fois. La troisième fois je suis allé en taule. Une semaine après être sorti, j'ai encore une fois été arrêté."
À la tête de l'État, le changement de président ne fait que cacher la permanence du pouvoir de l'armée. Si Abdelaziz Bouteflika a quitté la présidence, le nouveau président Abdelmadjid Tebboune est contesté. Il ne serait que la façade civile d'une dictature militaire, dénonce Aïssa Rahmoune de la Ligue algérienne des droits de l'Homme : "C'est un président hors-constitution, illégitime, qui n'est pas crédible".
Le retour à la religion est de plus en plus fort.
Khadija Chérifà franceinfo
Le Hirak n'aura écarté qu'un temps le spectre de l'islam politique, craint Khadija Chérif, de la Fédération internationale des droits de l'Homme. "On croit que l'islam politique a perdu du terrain, mais on les voit réapparaître ces derniers temps", s'inquiète-t-elle. La militante appelle donc à ce sujet "à la vigilance".
Autant de critiques que le nouveau président Abdelmadjid Tebboune dit entendre. Il promet du changement dans une interview à la presse française, mais demande un peu de temps. En attendant le "Hirak", lui, continue.
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