Face à la chute du prix du pétrole, Alger veut surveiller son commerce extérieur
Dans un pays où plus de 95% des exportations provient du pétrole et du gaz, la chute des cours de plus de 50% ne peut que provoquer une baisse des revenus. C'est ce à quoi va devoir faire face une Algérie trop dépendante des hydrocarbures.
Le budget 2015 du pays prévoit plus de 65 milliards de dollars d’importations contre 20 milliard en 2005. Face aux inquiétudes suscitées par le recul des prix du pétrole, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, affirme qu'«il n’est pas question de réduire l'importation des produits essentiels sur l'année 2015» car, précise-t-il, «le programme d'investissements dans le secteur public ou privé nécessite l'importation d'un certain nombre d'équipements et de matières premières pour faire fonctionner les projets».
Durcir le contrôle du commerce extérieur
Pour réduire la facture, Alger envisage donc de durcir le contrôle de son commerce extérieur. M. Benyounès a ainsi annoncé la mise en place d’un groupe de travail dont la mission est de «suivre d’une manière rigoureuse, précise et permanente toutes les transactions qui concernent le commerce international afin de limiter l’évasion des capitaux vers l’étranger».
A l'exportation, les cinq principaux clients de l'Algérie, qui vend essentiellement du pétrole et du gaz, ont été, en 2014, l'Espagne, l'Italie, la France, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Les recettes provenant des hydrocarbures ont baissé de 1,84 % durant les onze premiers mois de l'année en raison de la chute du baril de pétrole sous la barre des 50 dollars, une première depuis 2009.
A court terme, la loi de finances de 2015 prévoit un déficit de 41 milliards d'euros qui devra être financé par le fonds de régulation des recettes (FRR), créé en 1999 pour mettre le pays à l’abri des turbulences du marché des hydrocarbures.
Plus d'importateurs que de producteurs
Pour le long terme, Alger affirme vouloir sortir du piège des importations financées grâce à la rente pétrolière. «La vraie solution réside pour l’Algérie dans la diversification de son économie à travers la relance des secteurs de l’industrie, de l’agriculture et du tourisme», a estimé M. Benyounès, dont le pays a ouvert récemment, dans cette perspective, une usine Renault.
En revanche, Mohand Saïd N'Ait Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), cité par le quotidien El Watan, estime qu'«il est impossible de construire une économie de substitution aux hydrocarbures avec un tissu» composé, selon lui, de 300.000 importateurs sur les 760.000 entreprises recensées en 2012. Ce responsable prône notamment «la mise en place de mécanismes de contrôle, à la fois de la valeur et de la qualité des importations».
Suprématie chinoise
La Chine est devenue le premier fournisseur de l’Algérie avec 7,44 milliards de dollars, derrière la France (5,89) suivie de l’Espagne, de l'Italie et de l'Allemagne. La France tente de reprendre depuis 2013 la position de numéro un qu'elle a occupée pendant un demi-siècle. «La France tient à rester le premier partenaire économique de l'Algérie» qui «n'est pas un marché mais bel et bien partenaire», avait ainsi assuré le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius en inaugurant l'usine automobile d'Oued Tletat, le 10 novembre 2014.
Si elle doit diversifier son économie, l’Algérie sera obligée de chercher de nouvelles sources d’hydrocarbures. Les autorités du pays envisagent de se lancer dans l’exploration offshore et d'exploiter, malgré l'hostilité des populations sahariennes, le gaz de schiste.
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