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La capacité militaire de l'Algérie lui permettrait de bloquer l'accès au détroit de Gibraltar

Selon des officiers supérieurs français, les sous-marins et les missiles de croisière acquis par l'Algérie lui donnent un avantage significatif dans le contrôle de l'accès à la Méditerranée.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Sous-marin russe de la classe Kilo, selon l'Otan. L'Algérie a acheté six bâtiments de ce type. (CREATIVE COMMONS ATTRIBUTION 4.0)

Les militaires appellent cela une bulle de déni d’accès. En clair, il s'agit d’empêcher l'accès à un lieu grâce à ses capacités militaires. Selon le général Philippe Moralès, le commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes françaises, cité par le site spécialisé Opex 360, l'Algérie a désormais la possibilité d'interdire l’accès au détroit de Gibraltar.

Sous-marins et missiles de croisière

L'amiral Pierre Vandier, chef d'état-major de la Marine nationale, estime que la Marine algérienne possède des moyens que la France n’a pas encore, ou depuis peu. "L'Algérie dispose de sous-marins du type Kilo équipés de missiles de croisière Kalibr depuis 2016, soit cinq ans avant nous", explique l'amiral. Ces missiles de croisière russes peuvent être tirés sous la surface. La Marine algérienne détient six sous-marins russes, tous capables de tirer ces missiles Kalibr. La France a dû attendre la mise au point du missile de croisière naval de conception nationale pour avoir cette capacité. Son premier tir a eu lieu en 2020.

L'Algérie a fortement accru sa capacité militaire en multipliant les acquisitions auprès de la Russie, et en y consacrant depuis une quinzaine d’années un budget de 2,3 milliards d'euros annuels. Résultat : le visage de l'armée algérienne a profondément changé. Des sous-marins, des navires de surface, des avions ; en 2014, l'Algérie faisait même construire aux chantiers italiens Fincantieri le Kalaat Beni-Abbes, un bâtiment de débarquement et de soutien.

Porte-hélicoptères "Kalaat Beni Abbes" de classe San Giorgio de la Marine algérienne. (MESSAOUD MESBOUK/ CREATIVE COMMONS ATTRIBUTION-SHARE ALIKE 4.0 INTERNATIONAL)

Des moyens sur lesquels sont revenus les députés français Jean-Jacques Ferrara et Philippe Michel-Kleisbauer dans leur rapport sur "les enjeux de défense en Méditerranée". Selon eux, l'Algérie a désormais des "capacités de déni d'accès et d'interdiction de zone en Méditerranée occidentale, à travers un dispositif de défense anti-aérienne composé de S-300 et prochainement S-400 et des systèmes perfectionnés de radars".

Force de dissuasion 

"Si l'ampleur de ce réarmement, malgré la sévère crise économique, interroge sur les objectifs poursuivis par l’armée algérienne, plusieurs officiers du renseignement français auditionnés dans le cadre de ce rapport parlementaire ont estimé que l'Algérie n’a pas à ce stade de volonté de projection de puissance", écrit Algérie Part Plus.

"Le réarmement massif opéré par l'ANP (Armée nationale populaire, NDLR) obéirait à des intentions principalement dissuasives, notamment à l'égard du rival marocain à qui il faut envoyer un signal stratégique", poursuit le site internet. L'Algérie n'aurait donc pas l'intention de se lancer dans une bataille navale.

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