"L’Algérie reçoit quotidiennement plus de migrants que toute l’Europe", selon une agence de l'ONU
Souvent présentée comme un pays d’émigration, l’Algérie est devenue un pays où l’immigration est importante.
"L'Algérie reçoit tous les jours un flux important de migrants irréguliers. Selon les statistiques du gouvernement algérien, qui a la souveraineté sur ses frontières, une moyenne de 500 personnes entre chaque jour de manière irrégulière sur son territoire. Cela indique que le pays reçoit à lui seul quotidiennement plus de migrants que toute l’Europe." C'est ce qu’affirme Paolo Giuseppe Caputo, chef de mission de l'Organisation Internationale des Migrations (OIM) à Alger dans une interview au journal Le Soir d’Algérie.
L'OIM est une agence de l’ONU chargée des questions migratoires. L'Algérie est devenue membre de cette agence en 2000. "L'Algérie étant soumise à une forte pression migratoire, il est normal que les autorités prennent des mesures pour gérer ces flux. Malheureusement, une des méthodes de gestion est les retours forcés. Cette méthode existe aussi dans un grand nombre de pays", affirme le représentant de l'OIM en Algérie dans cet entretien.
Des ONG ont à plusieurs reprises mis en lumière les expulsions de migrants venus d'Afrique subsaharienne, sans parler des opérations de police visant les Noirs.
"Les migrants rêvent de rejoindre l’Europe mais beaucoup restent ici plusieurs années"
Pour Paolo Giuseppe Caputo, "le cas de l’Algérie est très intéressant, car comparativement à ses voisins, c’est un pays riche. Il est vrai que les migrants rêvent de rejoindre l’Europe, mais beaucoup restent ici plusieurs années. Les conditions sont intéressantes en Algérie comparativement aux conditions dont ils disposent chez eux."
"Pendant très longtemps, l'Algérie a été considérée comme un pays de transit. L'Algérie est devenue maintenant un pays de destination et cela est lié, entre autres, à la situation dans le Sahel, mais aussi à la crise qui secoue un pays voisin, la Libye. Lorsque la question est posée aux migrants alors même qu'ils sont sur leur parcours migratoire, 42% d'entre eux déclarent que leur destination finale est l'Algérie", expliquait le précédent responsable de l'OIM en Algérie.
L’arrivée de migrants a aussi des conséquences dans la vie quotidienne algérienne avec les mêmes débats que dans tous les pays. "Ils accomplissent les principales tâches ici dans le Sud et se répartissent le travail. Prenez par exemple les Africains de l’Ouest, ils sont plus dans le bâtiment. D'autres sont dans le commerce ou le transport. Mais je peux vous dire que leur apport est considérable", se réjouit Ahmed, un chauffeur, cité par le média allemand Deutsche Welle. Un autre affirme au contraire : "Nous n'avons plus de travail depuis qu’ils sont là. Eux acceptent tout. Ils travaillent à raison de 500 dinars la journée, c’est très peu. Moi, je ne peux pas travailler à ces prix-là. Car cette somme ne me garantit même pas ma nourriture."
Difficile de connaître le nombre exact de migrants en Algérie. Dans le journal algérien Expression nationale, l’OIM évoque "un chiffre qui tourne autour de 100 000 et 150 000 personnes pour les migrants réguliers. La dernière communication officielle qui date de mai 2017, faite par les autorités algériennes, fait état de 20 000 migrants irréguliers. En recoupant ces chiffres et en prenant en compte la tendance qui existe dans les pays voisins", l'organisation estime "que le nombre des migrants irréguliers, à un moment donné, oscille entre 50 000 et 75 000".
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