Législatives en Algérie : "Tout ça pour ça !"
Seul un électeur sur cinq s'est rendu aux urnes, l'ancienne majorité reconduite. La presse locale ironise sur la Nouvelle Algérie chère au président à Abdelmadjid Tebboune qui ressemble furieusement à celle de son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika.
"Alors que l'ancienne coalition autour de Bouteflika était certes majoritaire, mais souvent chahutée par le RCD, le PT et autres, nous risquons maintenant de la subir sans la moindre contestation au sein d'un Parlement dominé de long en large par les mêmes partis décriés par le mouvement populaire du 22 février !", ironise Maamar Farah, dans son billet "Tout ça pour ça !", dans Le Soir d'Algérie. Le parti au pouvoir en Algérie, le Front de libération nationale (FLN), a remporté les législatives anticipées organisées samedi 12 juin, mais avec une abstention historique (77%), dans un pays dans l'impasse politique sur fond de répression généralisée.
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"Etouffer une revendication n'est pas l'annihiler"
"Alors que les marches populaires subissent une oppression étouffante, le niveau d’abstention, même 'corrigé', enregistré par ce dernier scrutin constitue, à lui seul, l'équivalent d’une manifestation de grande envergure du Hirak. Alors que près de deux cents citoyens sont en prison pour leur activité militante et que beaucoup d’autres ont déjà purgé des peines pour délit d’opinion, la masse de citoyens continue à se tenir à distance du fonctionnement systémique. Cela montre qu’étouffer une revendication n’est pas l’annihiler", prévient le chroniqueur de Liberté, Mustapha Hammouche.
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"Légitimés par l'urne"
Le quotidien gouvernemental El Moudjahid relative l'absention (77%, un record) et suggère une influence de la pandémie. "La désaffection des électeurs à l’égard du vote, que l’on a pu constater, est un phénomène qui n’est pas propre à l’Algérie. Les démocraties les plus aguerries et les mieux enracinées sont confrontées à ce genre de problème. Il appartient aux spécialistes de la chose politique d’étudier cette situation et de proposer des solutions. S’agit-il de la carence des discours de campagne, d’offres programmatiques inconsistantes, des retombées de la crise sanitaire ? (...) Il n’y a donc pas lieu de dramatiser ou de succomber dans le pessimisme, mais c’est un message à méditer", affirme le doyen des journaux.
"On ne peut pas rêver si on est éveillé"
"Avec la désaffection des votants qui ne veulent plus jouer sur un terrain où l’arbitre est cousin de l’entraîneur et l’abstention qui en découle logiquement, la composition de l’Assemblée serait donc celle-ci aux dernières nouvelles, FLN, MSP, Hamas et Bengrina. Alliance présidentielle, main levée, salaires énormes et gel des avoirs moraux jusqu’à un futur lointain. La boucle est bouclée, bienvenue dans la Nouvelle Algérie. Nous sommes en juin 2021, vous rêvez encore à un avenir meilleur, il faut donc continuer à dormir. Car c’est physiologique, on ne peut pas rêver si on est éveillé", écrit Chawki Ammari dans El Watan.
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