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Algérie. "Je suis resté caché pendant presque 40 heures", témoigne un rescapé

Les médias français recueillent la parole d'otages, alors que les informations sur le sujet restent parcellaires.

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
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Photo non datée du site gazier d'In Amenas (Algérie). (BP PETROLEUM COMPANY / AFP)

La confusion demeure sur l'assaut donné jeudi 17 janvier par l'armée algérienne, après la prise en otage d'employés d'un site gazier dans le Sahara algérien. Aucune certitude qu'il soit bel et bien terminé et son bilan humain reste lui aussi dans le flou. Cependant, des témoignages de rescapés permettent de faire la lumière sur cette action inédite des jihadistes, engagée en représailles de l'intervention militaire au Mali. 

1La prise d'otages 

Un témoin interrogé par RFI a rapporté avoir entendu des tirs dans la matinée. "Ça a duré plus de deux heures et demie, a-t-il raconté à la radio. C'étaient les terroristes qui envahissaient la base." "C'était l'heure du changement des équipes (...) On n'a rien compris. Juste après, ils nous ont plongé dans le noir", raconte un otage algérien à France Info.

"J'ai entendu des coups de feu, puis l'alarme s'est déclenchée, on se demandait si c'était un exercice. C'est par le bouche-à-oreille que j'ai appris que c'était une prise d'otages", raconte de son côté Alexandre Berceaux, salarié de CIS Catering et rescapé français de la prise d'otages, sur Europe 1"Je suis resté caché pendant presque 40 heures dans ma chambre, sous le lit, j'avais mis des planches un peu partout", a-t-il ajouté. 

2Les expatriés comme cibles principales

Selon l'homme cité par RFI, "les terroristes ont dit qu'ils ciblaient uniquement les expatriés, et aux Algériens ils leur ont demandé de prendre leurs affaires personnelles et de quitter la base."

C'est ce qu'affirme aussi l'otage algérien interrogé par France Info. "Ils ont tout simplement dit : 'Vous êtes travailleurs algériens ? On n'a rien contre vous. On cherche que les expatriés. Allez-y, sortez !'" Selon le témoignage d'un autre employé algérien, les preneurs d'otages ont rapidement fait part de leurs intentions, a rapporté Reuters. "Nous les tuerons, ont-ils dit", raconte ainsi Abdelkader 53 ans.

Mais "quand ils ont vu que l'armée algérienne avait pris position, ils ont changé de politique, poursuit l'homme interrogé par RFI. Ils ont séparé les otages avec les expatriés d'une part, et les Algériens ont été emmenés dans le foyer."

3Les preneurs d'otages

Pour l'employé algérien cité par Reuters, "les terroristes semblaient connaître très bien la base (...), se déplaçant, montrant qu'ils savaient où ils allaient." Une information confirmée par un autre témoin interrogé par Le Monde.fr, qui précise qu'ils "connaissaient le site, la base de vie et le complexe qui se trouve en face, ils ont coupé la production immédiatement après avoir pris le contrôle de l'usine".

S'il n'a pu indiquer combien étaient les islamistes, il évoque "un Egyptien, un Tunisien, un Algérien et un homme noir, probablement nigérien ou malien." Par ailleurs, "l'un d'entre eux parlait l'anglais avec un accent parfait", a poursuivi cette source anonyme. L'ancien otage algérien interrogé par RFI a quant à lui évoqué des hommes qui n'avaient pas l'accent algérien. 

Le témoignage recueilli par Le Monde.fr évoque des terroristes qui portaient des "combinaisons militaires" "pour tromper les gens sur place". Ils étaient "super bien armés", "munis de bombes", insiste l'otage algérien cité par France Info. Selon lui, les ravisseurs étaient jeunes, "âgés de 30-35 ans". Le témoin cité par Reuters indique qu'ils employaient le vocabulaire de l'islamisme radical.

4Le début de l'assaut

"Les otages algériens étaient dans le foyer, un immeuble qui sert de salle de jeu, d'accueil et de cybercafé, a indiqué la source du Monde.fr. Au moment du premier tir d'avion, les Algériens, dans un moment de panique, ont forcé la sortie de secours, qui était bloquée." Selon lui, "entre quatre cents et six cents personnes, qui étaient entassées comme des sardines, ont ainsi pu fuir", alors que les terroristes étaient rassemblés dans une autre pièce, le restaurant.

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