Le profil "normal" de l'auteur de l'attentat de Sousse suscite l'incompréhension en Tunisie
Selon son père, Hakim Rezgui, l'étudiant qui rentrait les week-ends et pendant les vacances chez ses parents, "adorait rencontrer des touristes et rêvait de finir ses études en France".
Il faisait du breakdance, travaillait dans le tourisme et avait des amis. Seifeddine Rezgui, un étudiant en master de 23 ans identifié par les autorités tunisiennes comme l'auteur de l'attentat qui a fait 38 morts sur une plage en Tunisie, le 26 juin, n'a pas le profil habituel des jihadistes. Depuis l'attaque, les proches du jeune homme, abattu par les forces de sécurité, ne cessent de faire part de leur incompréhension.
Dimanche 5 juillet, sa mère assure que son fils était également "une victime" de l'organisation Etat islamique.
"Ils ont dû le droguer et lui laver le cerveau", dit sa mère
"Je pense que quelqu'un a fait pression sur mon fils pour qu'il fasse ça", dit dans une interview au journal britannique The Sunday Times Radhia Manai, 49 ans. "Mon fils aimait la musique, la breakdance et le football. Ils ont dû le droguer et lui laver le cerveau pour qu'il fasse cette chose diabolique et je veux qu'on trouve ceux qui ont fait ça", ajoute-t-elle.
"Je ne peux pas y croire. Un jour il y avait une souris dans la maison et j'ai demandé à Seifeddine de la tuer. Il a refusé en disant 'je ne peux tuer personne'", raconte encore cette mère.
Radhia Manai juge que son fils a dû changer à l'université de Kairouan où il étudiait pour devenir ingénieur : "Je sais que nous avons beaucoup de terroristes donc je lui ai dit 'si tu veux prier, va à la mosquée et rentre directement, ne parle pas aux salafistes'".
Ses parents nient qu'il se soit entraîné en Libye
Selon son père, Hakim Rezgui, l'étudiant qui rentrait les week-ends et pendant les vacances chez ses parents, "adorait rencontrer des touristes et rêvait de finir ses études en France".
Il croyait en dieu pas en cette merde de Daech [le groupe Etat islamique en arabe].
Les parents du jeune homme rejettent tous les deux les affirmations des autorités tunisiennes selon lesquelles il s'est entraîné en Libye en janvier avec les tueurs du musée du Bardo et les appelait quotidiennement. "J'aurais reconnu le numéro", fait valoir son père.
Pour éviter ces radicalisations, le Premier ministre met en lumière l'éducation
La transformation de ce profil "normal" suscite la stupéfaction en Tunisie. Le Premier ministre Habib Essid affirme dans un entretien à La Presse publié dimanche qu'un "travail de fond (...) sur la culture et l'enseignement" devra être fait et que des réformes devaient être engagées dans l'économie et l'éducation.
"Nous savons aujourd'hui que ce qui entraîne les individus dans les courants extrémistes sont soit les difficultés financières ou certaines idéologies religieuses", dit-il.
"Nous étudions également les méthodes de 'déradicalisation' des jeunes de retour de Syrie. La France affronte actuellement ce même problème et nous collaborons ensemble pour trouver le moyen de réhabiliter les jeunes jihadistes", ajoute-t-il.
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