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Burkina Faso : la garde prétorienne de l’ex-président Compaoré sort du bois

Le régiment de sécurité présidentielle a été au cœur de toutes les crises qui ont ponctué la transition en cours au Burkina Faso. Son irruption au palais présidentiel de Ouagadougou, en plein conseil des ministres, a remis en cause tout le processus électoral qui devait mettre fin à la transition en octobre 2015. La société civile appelle à la résistance.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
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Le Général Gilbert Diendéré, l'ancien commandant de la garde présidentielle et proche de l'ancien président Blaise Compaoré est le nouvel homme fort du pays. (Photo AFP/Ahmed Ouaba)

«Une armée dans l’armée»
Ils ont toujours suscité la crainte auprès des Burkinabè. Ces soldats d’élite issus pour la plupart des commandos-parachutistes forment un régiment à part, estimé à 1300 hommes. Sur son site Le monde à l’envers, Louis Konsack décrit «une armée dans l’armée», disposant «d’une noria de véhicules de transport de troupes, de ses blindés, de sa poudrière et de ses stations d’essence. Un régiment à l’écart de la chaîne de commandement, avec des officiers triés sur le volet, méthodiquement promus par Blaise Compaoré… et grassement payés sous les lambris dorés du palais présidentiel.»
 
Le Premier ministre de la transition, Isaac Zida, lui-même issu de ce corps d’élite, avait été parmi les premiers à réclamer sa dissolution en décembre 2014. D’où la colère de ses frères d’armes qui avaient exigé son départ du gouvernement.
 
La Commission nationale de réconciliation et des réformes venait, à son tour de recommander la dissolution de cette unité pour la fondre dans les effectifs du reste de l’armée.
 
Des centaines de manifestants se sont rassemblés à Ouagadougou le 16 septembre 2015 pour protester contre la garde présidentielle avant d'être dispersés par des tirs de sommation. (Photo Reuters/Joe Penney )

«Ils ont donc osé»
En annonçant la dissolution des institutions du pays, les militaires de la garde présidentielle ont franchi cette fois la ligne rouge. Les putschistes ont balayé tous les acquis du mouvement populaire qui a provoqué la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014. «Ils ont donc osé», s’exclame l’Observateur Paalga de Ouagadougou. «16 millions de Burkinabé ne sauraient être les otages de 1330 personnes, qui qu’elles soient et quelle que soit leur armada», écrit le journal, qui annonce que la résistance s’organise.
 
«Qui l’eût cru?», s’interroge le journal Le pays de Ouagadougou, interloqué. Pour le quotidien burkinabè Aujourd’hui, c’est tout simplement «inacceptable».
 
Le président de l’assemblée de transition, Cheriff Sy, a appelé ce jeudi 17 Septembre 2015 «le peuple à se mobiliser immédiatement contre cette forfaiture… c’est une question de rapport de force. Ils ont les armes. Nous, nous sommes mains nues, mais je suis sûr que le peuple se mobilisera.»
 
Marge de manœuvre réduite
Sur les réseaux sociaux, le mouvement Balai Citoyen qui avait été en pointe dans la contestation contre l’ex-président Compaoré a appelé, lui aussi, à la mobilisation : «Chaque heure qui passe nous enterre un peu plus, nous les enfants de la patrie des hommes intègres. Ils ont décidé de nous briser coûte que coûte», écrit Smockey Bambara, le leader du mouvement citoyen sur son compte Twitter. Avant d’appeler l’ensemble des forces patriotiques à se mettre du côté de la légalité.
 
Des militaires de la garde présidentielle patrouillent dans les rues de Ouagadougou, le 17 septembre 2015. (Photo Reuters/Joe Penney)

Mais face à des militaires déterminés et prêts à mater toute contestation, la marge de manœuvre de la société civile reste très réduite. Les premiers rassemblements formés devant le palais présidentiel ont été dispersés par des tirs de sommation de la garde présidentielle.
 
Les Burkinabè comptent maintenant sur la communauté internationale, qui a unanimement condamné ce coup d’Etat,  pour faire revenir les putschistes à la raison.
 

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