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Burkina Faso : qui a tué Thomas Sankara, le «Che» africain ?

La justice burkinabè, en exhumant le corps de l’ex-président Thomas Sankara et de douze de ses compagnons de combat, déterre une partie de l’histoire enfouie du pays. La vérité viendra peut-être des tombes. Pour le meilleur et pour le pire.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
François Mitterrand et Thomas Sankara le 17 novembre 1986 à Ouagadougou. (DANIEL JANIN / AFP)

15 octobre 1987 : des hommes armés assassinent Thomas Sankara, le président en exercice, ses gardes du corps et ses collègues. Son ancien ami de route Blaise Compaoré prend les rênes du pouvoir. Les corps ont été enterrés à la va-vite. Selon la version officielle, Thomas Sankara et ses compagnons ont été enterrés au cimetière de Daghnoen dans la banlieue de la capitale Ouagadougou. Et toujours selon la version officielle, le «Che» africain serait décédé de mort naturelle. Blaise Compaoré, désormais réfugié en Côte d’Ivoire, a refusé toutes les demandes d’enquête (dont une onusienne), contribuant ainsi à accréditer l’hypothèse d’être le commanditaire du coup d’Etat. 

 
26 mai 2015 : la gendarmerie tient au loin la population du cimetière de Daghnoen. Les tombes ont été mises sous scellés début avril par la justice militaire du Burkina Faso qui enquête depuis mars sur les circonstances de la disparition du «père de la révolution burkinabè». Le juge d’instruction est sur place pour l’exhumation. Les sympathisants du «Che» doutent que la dépouille de l’icône du panafricanisme s’y trouve. Les fils de Thomas Sankara, Philippe et Auguste, ont fourni des échantillons d'ADN qui seront comparés à celui des restes se trouvant dans la tombe. L'identification devrait prendre des semaines.
 
La parole est aux tombes
«Chapeau bas donc à l’actuel locataire de Kosyam, qui aura réussi en sept mois à faire sortir de terre un corps enfoui sous près de trois décennies de mystères. Mais de l’exhumation de la dépouille de Sankara à l’identification formelle des doigts qui ont appuyé sur la détente il y a loin. Maintenant que la parole est aux tombes, chacun retient son souffle», s’inquiète le quotidien L’Observateur Paalga.
 
Il a fallu près de 28 ans, la chute de Blaise Compaoré et la mise en place d’un gouvernement de transition, pour que les autorités ouvrent une enquête. Plusieurs auditions ont déjà eu lieu et notamment le 14 mai celle de Mariam Sankara, veuve du défunt président.

 
«Ce n'est qu'un commencement, et je souhaite qu'avec l'appui du peuple burkinabè, on puisse amener ce dossier jusqu'au bout. Il ne s'agit pas seulement de la famille Sankara. Il y a douze personnes qui ont été assassinées en même temps que lui. Ces familles aussi attendent. Depuis que ce dossier a été déposé, il n'y a eu que déni de justice. Je souhaite qu'on aille jusqu'au bout, qu'il y ait cette vérité que nous attendons, que tout le monde attend», a affirmé Mariam Sankara à sa sortie du bureau du juge d’instruction.
 
L’affaire ira-t-elle à son terme ? Seul le futur président, qui sortira des urnes en octobre 2015, le dira. La société civile, à l’image de Balai Citoyen, reste vigilante. Le Burkina Faso en a d’autant moins fini avec le fantôme de Thomas Sankara que les protagonistes sont encore vivants.

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