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Burkina Faso : qui est le GSIM, qui a revendiqué les attaques de Ouagadougou ?

Cette alliance de plusieurs groupes jihadistes affirme être à l'origine des attentats qui ont fait huit morts vendredi dans la capitale burkinabée.

Article rédigé par franceinfo
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Des soldats français engagés dans l'opération Barkhane patrouillent à Timbamogoye, au Mali, le 10 mars 2016. (PASCAL GUYOT / AFP)

C'est par un message reçu samedi 3 mars par l’agence privée mauritanienne Al Akhbar que le Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (GSIM) a revendiqué les attaques de vendredi à Ouagadougou, le capitale du Burkina Faso, un an jour pour jour après sa création. Le groupe terroriste affirme avoir agi en "représailles après l'assassinat de plusieurs de ses membres" et a diffusé, dans la nuit du 1er au 2 mars, une vidéo de Sophie Pétronin, cette bénévole de 75 ans enlevée le 24 décembre 2016 à Gao dans le nord du Mali. Franceinfo vous explique qui est ce groupe jihadiste qui sème la terreur au Sahel.

Il regroupe plusieurs organisations jihadistes

Le GSIM est une alliance de plusieurs mouvements islamistes du Sahel proches d'Al-Qaïda. Des groupes affaiblis par les opérations militaires qui sont menés à leur encontre, notamment les missions Serval et Barkhane, à l'initiative de la France. "Ils sont plus ou moins actifs, s'entraînent ensemble" et ont pour objectif de "bâtir une théocratie", explique à franceinfo Alain Antil, spécialiste du Sahel à l'Institut français des relations internationales. Le GSIM, explique Le Monde, est notamment composé du groupe salafiste Ansar Dine, du groupe Al-Mourabitoune de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar et d'une branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Il est dirigé par un Malien

Le chef revendiqué du GSIM est Iyad Ag Ghaly. Né en 1958 au Mali, ce dernier a grandi à Abeïbara, un village à la frontière avec l'Algérie qui est "resté son fief jusqu'à aujourd'hui", indique Le Journal du dimanche. Ancien leader rebelle touareg pendant les années 1990 et 2000, il appartient à la tribu des Ifoghas, qui domine le nord malien. En 2011, il crée Ansar Dine, un des trois groupes jihadistes en conflit avec l'armée malienne. Ils occupent dès 2012 des territoires, mais sont fortement ébranlés par l'opération Serval menée par la France. Il est aujourd'hui dans le viseur de l'opération Barkhane.

Là, on est dans une phase où ils reprennent des forces. Ces attentats sont une manière à eux de dire qu’ils peuvent attaquer partout où ils veulent au Sahel.

Alain Antil

à franceinfo

Il est en guerre contre la France et le G5-Sahel

Les attentats de vendredi à Ouagadougou ne sont pas les premières attaques du GSIM. Le groupe a déjà revendiqué l'attaque qui a coûté la vie à deux militaires français et blessé un troisième, au nord-est du Mali, le 21 février. 

Le GSIM affirme avoir agi en représailles. Selon Anthony Fouchard, le correspondant de franceinfo au Mali, les terroristes font ici référence à une opération menée par les militaires français de l'opération Barkhane qui a fait une vingtaine de morts parmi les jihadistes, à la mi-février dans le nord du Mali, à la frontière avec l'Algérie. 

Cet attentat a une forte portée symbolique. Ce n'était pas une attaque au hasard : il y a bien eu un choix délibéré du lieu et du moment.

Alain Antil

à franceinfo

Le spécialiste rappelle que le Burkina Faso reste l'une des cibles régulières des mouvements jihadistes, notamment dans la province du Soum. Par ailleurs, une réunion du G5-Sahel – une force militaire composée du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad pour lutter contre les jihadistes – avait lieu au même moment à Ouagadougou. "Peut-être" que ce rassemblement "était visé", a indiqué vendredi le ministre de la Sécurité burkinabé.

Enfin, l'attaque visait la France, qui reste une cible de choix pour pour Iyad Ag Ghaly. Alain Antil rappelle que le chef du GSIM "a dit dans un communiqué que Paris était l'ennemi principal des groupes jihadistes du Nord-Mali".

Il compte entre 2 000 et 3 000 combattants

"Cette attaque montre que ce groupe a une capacité de renseignements et d'action", analyse aussi Alain Antil. En termes de nombre, ces combattants seraient au "maximum 2 000 ou 3 000", estime le spécialiste du Sahel, qui souligne la difficulté d'un recensement précis. Leurs armes proviennent certainement de l'armée malienne, après les affrontements de 2012, ou encore de la Libye post-Kadhafi, où les armes circulent facilement, faute de contrôles.

Malgré la pression que peut imposer l'opération Barkhane, les jihadistes se sont adaptés : "Il n'y a pas un endroit où il y a véritablement un front de lutte avec l'armée, c'est une menace diffuse. Ils ont adapté leur mode de violence aux contraintes locales, d'où cette forme de combat."

Si on continue la dynamique dans laquelle on est depuis deux ans, on aura tous les cinq ou six mois des actes de violences dans les capitales du Sahel et sur le terrain.

Alain Antil

à franceinfo

Selon le spécialiste, "des informations disent qu'il y a un rapprochement de ces groupes avec Daech". Pour le moment, rien ne prouve qu'une "association pleine et complète" ait pu être scellée entre les groupes terroristes. "Vu la situation de l'Etat islamique au Levant, je ne sais pas ce que ça veut dire 'être de l'Etat islamique' aujourd'hui"., conclut par ailleurs Alain Antil.

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