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En proie à la crise anglophone et incapable d'organiser la Coupe d'Afrique des Nations, le Cameroun voit son économie vaciller

Ayant perdu l'organisation de la CAN et englué dans la corruption, le Cameroun se retrouve avec une ardoise de plusieurs milliards. A cela s’ajoute l'argent englouti dans le conflit des zones anglophones. Résultat : les indicateurs économiques passent au rouge.

Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
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Siège de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) à Yaoundé. Le Cameroun a perdu l'organisaction de la CAN, ses stades n'étant pas prêts à accueillir la compétition. Photo prise le 27 juin 2013. (REINNIER KAZE / AFP)

Le Cameroun est en grande difficulté économique. Le pays a perdu l’organisation de la CAN, en raison du retard dans la construction des stades qui devaient servir au grand rendez-vous footballistique africain. La CAN 2019 a déjà coûté 1500 milliards de francs CFA (2,3 milliards d'euros) et le pays n’en tirera aucun bénéfice après l’annonce officielle de l’annulation de la compétition.

Nous ne pouvions pas organiser la Can 2019

Le 6 décembre 2018, le ministre des Sports camerounais avait accusé des entreprises marocaines et certains ministres du gouvernement d’être responsables du retrait de l’organisation de la CAN 2019. "Qu’on arrête d’accuser la Confédération africaine de Football (CAF) ! C’est à nous de faire une évaluation objective de nos manquements et des dysfonctionnements qui ont conduit à cet échec humiliant", avait déclaré Pierre Bidoung Mkpatt.

De nombreux ministres ont retardé le démarrage des travaux pour passer en urgence des dizaines de marchés à des entreprises qu’ils contrôlent et qui sont dirigées par leurs proches

à Actu Cameroun


"Seuls les proches des ministres livrent le sable dans les chantiers de la CAN par des camions qui n’appartiennent qu’aux pontes du régime", affirme le journal Actu Cameroun.

Au bord de la faillite ?

Les caisses de l'Etat camerounais sont dans le rouge. Les vagues de violence dans les régions du nord dues aux incursions de Boko Haram et au mouvement séparatiste dans les zones anglophones ont freiné l'activité économique et provoqué une forte hausse des dépenses sécuritaires, estimée à 2700 milliards de francs CFA (4,12 milliards d'euros). Conséquence, la dette publique est passée de 16 % du PIB en 2006 à 35,7 % en 2017.

Dénonçant la gabegie, le rapport de la Banque mondiale "attire l'attention du gouvernement sur la nécessité de réduire le train de vie de l'Etat""Au Cameroun, plus de 2000 milliards de francs CFA, soit 52 % du budget national, sont consacrés au fonctionnement de l'Etat en 2017", peut-on lire dans un rapport remis au gouvernement camerounais.

L'institution basée à Washington révèle que cette enveloppe a été engloutie dans "l'organisation de séminaires, le paiement des primes et gratifications, les frais de mission et de représentation". Selon l'ONG Transparency International, ces dépenses "somptuaires" sont à l'origine de surfacturations, de la corruption et d'autres faits de mal gouvernance gangrénant l'administration publique.

Corruption de l’administration

Cette corruption, ces fraudes, ces détournements de fonds publics et l’enrichissement illicite se doublent d’un sentiment d’impunité, renchérit Transparency International, qui classe le pays au 153e rang (sur 180 pays) dans son indice de corruption.

Selon la Banque mondiale, cette mauvaise gouvernance entrave le développement du Cameroun et les investissements étrangers.

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