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Fin de l'intervention française en Centrafrique sur un bilan mitigé

La bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. Voilà comment on peut tirer le bilan de l’intervention de l’armée française en Centrafrique. L’opération Sangaris s’achève officiellement à la fin du mois d'octobre. Trois années de présence qui ont certes évité un bain de sang, mais sont loin d’avoir ramené le calme dans le pays.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Patrouille de soldats français dans les rues de Bangui (Centrafrique) lors de l'opération Sangaris, le 14 février 2016. (AFP/Issouf Sanogo)

«La force Sangaris a réussi à ramener le calme et à empêcher l’inacceptable.» Jean-Yves le Drian, le ministre français de la Défense, faisait ainsi, le 12 juillet 2016, le bilan de l’opération militaire française en République centrafricaine en 2013.
Il est vrai qu' à cette époque, le pays en pleine guerre civile s’enfonçait dans la chaos. La situation dans la ville de Bossangoa était à ce titre exemplaire. Chaque communauté, chrétiens d’un côté musulmans de l’autre, campait dans son coin. Les chrétiens dans l'église et les musulmans dans l'école de Bossangoa. Chaque camp se méfiant de l’autre et s’attendant au pire.

 
On ne possède pas un bilan humain des affrontements qui se sont  déroulés au cours de l’année 2013, puis en début d’année 2014. Plusieurs centaines de morts au moins (Slate parle de 3062 morts) et des milliers de déplacés fuyant le danger en s’enfonçant dans la forêt. Il est clair que l’intervention de l’armée française a freiné les exactions, sans pour autant les empêcher totalement.
 
Au plus fort de la crise, la France a envoyé 2000 hommes en République centrafricaine. Elle a perdu trois soldats lors d’affrontements avec des bandes armées. Progressivement, Paris a passé le flambeau à une force internationale, la Minusca, forte de 12.000 Casques bleus.
 
Un bilan très contrasté
La France se félicite de la réduction du nombre de déplacés constaté par le HCR. Il n'y a quasiment plus de déplacés à Bangui, contre 100.000 au plus fort de la crise. Mais à chaque regain de tension, comme lors des coups de chaud en octobre 2015 puis en début d’été 2016, la population s’enfuit dans la forêt.

Le 12 octobre 2016, l’attaque d’un camp d’évacués situé à Kaga Bandoro, au centre du pays, a fait 30 morts et 40 blessés. Une attaque qui aurait été perpétrée par d’anciens membres de la Séléka.

les 27 et 28 octobre, des violences dans la ville de Bambari (250 km au nord-est de Bangui) ont fait au moins 25 morts dont six gendarmes.
 
Aussi, la confiance n’est pas totalement revenue parmi la population, en particulier dans les zones rurales, où l’élevage est sous la coupe des anti-balaka, devenus maîtres du pays. Certains rebelles musulmans de l’ex-Séléka sont toujours dispersés dans le pays, jouant les coupeurs de route.
 
Politiquement, la République de Centrafrique s’est choisi un président en la personne de Faustin Archange Touadéra. Dans la foulée, se sont tenues des élections législatives.
L’administration centrafricaine est aujourd’hui redéployée dans la majorité du pays. «L’ensemble du corps préfectoral est à poste, les structures judiciaires ont été remises en état et les écoles rouvertes dans l’ensemble des grandes villes et des bourgades», se félicite le ministère français de la Défense.
 
Environ 350 militaires français, équipés de drones d'observation, resteront présents en RCA, dont une centaine au sein de la force de l'ONU.
 
Il reste désormais à rétablir la concorde…

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