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Côte d'Ivoire : Simone Gbagbo «cuisinée» à son procès mais combative

Simone Gbagbo est apparue «égale à elle-même» lors de son procès pour «atteinte à la sûreté de l'Etat» pendant la crise politique qu'a traversée la Côte d'Ivoire en 2010. C'est le constat de plusieurs journaux africains qui sont revenus sur la prise de parole de l'épouse de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. L'ex-première dame n'a pas mâché ses mots pour défendre son passif politique.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Simone Ggagbo, l'ex-première dame ivoirienne, à son procès le 23 février 2015 à Abidjan (Côte d'Ivoire). (Reuters/Thierry Gouegnon)

Le 23 février 2015, Simone Gbagbo s’est exprimée pour la première fois depuis son arrestation au sortir de la crise post-électorale qu’a connue la Côte d’Ivoire fin 2010. L’épouse de Laurent Gbagbo, accusée d’«atteinte à la sûreté de l’Etat», aura fait forte impression lors d’une intervention qui apparaît comme le point d'orgue du procès des pro-Gbagbo en Côte d'Ivoire.

«Ce que tous attendaient est arrivé», constate L’Observateur Paalga qui titre: Simone (Gbagbo) égale à elle-même. «A l'heure où je vous parle, je ne sais pas exactement quels sont les actes matériels qu'on me reproche», rapporte le journal, citant l'ancienne première dame qui a de nouveau contesté le régime d’Alassane Ouattara, l’actuel président ivoirien. Et d'ajouter: «Laurent Gbagbo est le vainqueur de la présidentielle de 2010.» «C'est donc fidèle à elle-même que la dame de fer a indexé "l'ingérence des autorités françaises" dont l'armée a, selon elle, "bombardé la résidence présidentielle pendant une dizaine de jours, alors qu'aucune résolution de l'ONU ne lui donnait ce pouvoir".» 

Le journal camerounais Cameroon Tribune rapporte, lui, qu'«aux juges de la collégialité, elle a fait savoir que "les troupes rebelles, appuyées par l'ONU et les forces françaises, ont massacré des populations civiles, humilié des représentants de l'Etat."»

Les premiers témoignages peu convaincants
Sur le banc des accusés, la responsable politique ivoirienne, qui a utilisé sa verve légendaire pour se défendre, apparaît intenable selon le journal ivoirien Le Sursaut. Durant un interrogatoire de plus de cinq heures où elle se sera fait «cuisiner», «le juge Tahirou Dembélé (le président du tribunal) a dû la ramener plusieurs fois à l’ordre», peut-on lire dans ses colonnes .

Le Sursaut souligne par ailleurs la faiblesse de la riposte face à la véhémence de l’accusée en évoquant la prestation des deux premiers témoins sur les «16» qui seront entendus. «Le premier accuse l’ex-Première dame d’avoir convoyé elle-même des caisses d’armes au quartier Sos d’Abobo. Il brandit des photos comme preuve. Cependant, celles-ci ne montrent ni l’accusée, ni d’autres preuves accablantes. Pis, il soutient que les faits se sont déroulés en 2008 tandis que les photos ont été prises en 2015», raconte l'auteur de l'article. Ce dernier conclut: «Quant au second témoin, il a tellement végété dans ses propos que le juge l’a renvoyé avant qu’il n’ait terminé.»

La combativité de Simone Gbagbo, «dernière accusée à avoir pris la parole dans ce procès pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" durant la crise post-électorale en Côte d'Ivoire à l’issue de laquelle plus de 3.000 personnes ont trouvé la mort, selon des chiffres officiels» – rappelle Cameroon Tribune , souligne l’ampleur du défi que doit relever la justice ivoirienne.

Pour la Côte d’Ivoire, qui a refusé d’exécuter le mandat d’arrêt lancé contre Simone Gbagbo par la Cour pénale internationale (CPI), le procès de l’ex-première dame et de ses 82 co-accusés est un «test» judiciaire qui peut avoir de larges conséquences politiques. Surtout dans un pays, toujours tiraillé entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, et qui se prépare à une nouvelle élection présidentielle en 2015.

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