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Crise en RD Congo : "On peut craindre une sorte d'embrasement généralisé"

La situation est tendue en République démocratique du Congo (RDC), où le président Joseph Kabila ne souhaite pas organiser d'élections. Christophe Rigaud, journaliste et responsable du site Afrikarabia.com, a fait le point mercredi sur franceinfo.

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Manifestation d'opposants à Joseph Kabila, ici dans le quartier de Yolo à Kinshasa, le 20 décembre 2016. (EDUARDO SOTERAS / AFP)

De nombreuses manifestations, émaillées de violences, se succèdent depuis mardi en République Démocratique du Congo (RDC) pour réclamer la démission du président Joseph Kabila, dont le mandat à la tête du pays a expiré lundi dernier. Le chef de l'État a expliqué qu'il resterait au pouvoir, au moins jusqu'en avril 2018. Selon lui, il n'est pas possible d'organiser des élections présidentielles avant cette date pour des raisons financières et logistiques.

Christophe Rigaud, journaliste et responsable du site Afrikarabia.com, a redouté mercredi 21 décembre sur franceinfo que la situation en RDC ne débouche sur "une sorte d'embrasement généralisé". 

franceinfo : Joseph Kabila n'est plus censé être au pouvoir, la présidentielle devait se tenir le mois dernier. Comment est-ce qu'on est arrivé à cette situation de blocage ?

Christophe Rigaud : La caractéristique principale de cette crise politique en RDC, c'est qu'elle est artificielle, elle a été créée par Joseph Kabila et le pouvoir lui-même. Joseph Kabila a décidé de s'accrocher à son fauteuil, non pas en modifiant la Constitution ou en tripatouillant les élections : il a juste décidé que le meilleur moyen de rester au pouvoir, c'était de ne pas organiser d'élections.

Le président dit que le pays n'a pas les moyens financiers d'organiser une présidentielle. Est-ce tenable comme explication ?

Non, ce n'est pas tenable. Joseph Kabila est au pouvoir depuis 15 ans. Il a été élu en 2006, puis en 2011. Il savait qu'il y aurait une élection en 2015, il avait le temps de la préparer. Depuis deux ans, la majorité présidentielle a utilisé de nombreux subterfuges pour retarder volontairement le processus électoral. Elle a cherché à modifier la loi électorale en janvier 2015, en ne révisant pas le fichier électoral, qui est complétement obsolète, et, surtout, en coupant les vivres à la commission électorale, en ne donnant pas l'argent nécessaire à l'organisation des élections. 

Les manifestations ont été interdites. Est-ce qu'il faut craindre de nouvelles violences ?

On peut craindre une sorte d'embrasement généralisé. A l'est du pays, la situation n'est pas encore stabilisée. L'armée est en pleine reconstruction et n'est pas fiable. Il pourrait y avoir un embrasement si, en province, les Congolais se mettaient à se soulever.

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