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Après une interruption liée au Covid, retour d'AKAA, la foire d'art contemporain africain, au Carreau du Temple à Paris

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour

Avec plus d’une trentaine de galeries internationales et une centaine d’artistes invités, AKAA, "Also Known As Africa", est l'événement incontournable pour tous les passionnés d'art contemporain et de design africain.

Avec une sélection toujours plus pointue d’exposants, la sixième édition d’AKAA, Also Known As Africa, est présentée sous les verrières du Carreau du Temple à Paris du 12 au 14 novembre 2021. Cette foire offre une véritable plateforme culturelle pour tous les artistes, professionnels, collectionneurs et amateurs d’art contemporain africain.

Franceinfo Afrique vous en propose un avant-goût avec les œuvres récentes de 14 artistes.

Née en 1997 en République démocratique du Congo, Cinthia Binene Sifa travaille sur différents médiums : peinture à l'huile, fusain, encre, collage, dessin, photographie et sculpture. Dans sa dernière série "Ultimate Spaces", elle explore la politique entourant l'espace domestique et les notions de beauté dans un contexte afropolitain.    (COURTESY AFRICAN ARTY)
Gaël Maski est né en 1990 en République démocratique du Congo (RDC). Sorti diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa en 2014, il expérimente dans ses toiles et ses collages une confrontation entre réel et imaginaire. Dans le tableau "Masque off", "il évoque une scène familière à Kinshasa : un homme, vendeur de rue, prend un peu de repos avant de reprendre sa quête. Mais certains détails donnent à la scène un sens spirituel et métaphorique. Des chérubins semblent veiller sur l’homme endormi – gardiens de la vie, ils détiennent le gel hydro-alcoolique qui purifie. Une petite bougie surmonte la marchandise qui soutient la vie de cet homme, comme un symbole d’espoir et de gratitude", explique la galerie Angalia qui présente exclusivement des artistes plasticiens vivant et travaillant en RDC.      (PCP, COURTESY ANGALIA & GAËL MASKI)
Wonder Buhle Mbambo est né en 1989 à KwaNgcolosi, un petit village sud-africain. Vivant à la campagne et jouant dans les champs, il garde un profond respect pour la nature. Les fleurs omniprésentes dans ses toiles sont "comme des étoiles" et le reflet de l'énergie transmise par sa grand-mère qui les considérait comme "des porte-bonheur" aux pouvoirs spirituels, explique l’artiste sur "Bubblegum Club". Aujourd’hui, cet élément symbolique qui recouvre ses portraits pour la plupart imaginés, tirés de photographies ou inspirés des habitants de son village natal, est là pour purifier les espaces de la toile et lui permet de se connecter avec ses entités spirituelles et sa créativité. "A coat found in the museum of shame by kids" a été choisi comme image pour l’affiche d’AKAA 2021.      (COURTESY BKHZ GALLERY)
La démarche artistique de Justin Ebanda, né en 1982 au Cameroun, tire son originalité de son questionnement de la mémoire collective africaine. Il tente de représenter celle-ci à travers acteurs et événements en donnant l’opportunité à ceux-ci et aux témoins de discourir sur "leur vécu" et "sur du vécu", déclare la galerie Carole Kvasnevski qui promeut des artistes émergents du continent africain et de sa diaspora, soulevant des interrogations tant sociétales qu’environnementales.     (JUSTIN EBANDA, COURTESY CAROLE KVASNEVSKI)
Zanfanhouédé, de son vrai nom Franck Zannou, est un peintre et sculpteur né en 1991 au Bénin. Il a découvert sa passion pour l’art dès son plus jeune âge et a été formé par le grand plasticien Dominique Zinkpè dès 2004. L’amour, la vie, l’émancipation de la femme, la violence sexuelle sont des thèmes récurrents de son œuvre. Il déclare à la galerie Vallois, qui le soutient et promeut principalement la jeune génération béninoise : "Je rends à travers mes œuvres un grand hommage à la femme africaine et plus particulièrement à ma mère."     (COURTESY GALERIE VALLOIS)
Olga Yaméogo née en 1966 à Ouagadougou, au Burkina Faso, a d'abord étudié l'art-thérapie avant de se consacrer à l'art. A travers ses peintures, elle saisit l'histoire contemporaine marquée par des flux massifs de populations contraintes à l'émigration. En choisissant le portrait, la peintre replace l'individu au centre de cette histoire. Migration, corps et identité sont autant de thèmes qu’elle aborde pour décrire différents aspects de la mondialisation.    (COURTESY VERONIQUE RIEFFEL)
Amado Alfadni est un artiste soudanais d'origine égyptienne. Son œuvre a été a fortement influencée par ses deux cultures.  Il explique : "Mon travail traite de la relation entre les inclus et les exclus, et ouvre le dialogue sur des questions d'identité et de politique. En travaillant avec des événements historiques oubliés et des politiques étatiques actuelles, je soulève des questions de dynamique de pouvoir entre l'individu et l'autorité au niveau social et politique." Avec sa série "Askari" (du swahili et de l'arabe, qui signifie soldat ou militaire), l’artiste offre une réflexion basée sur l'histoire des bataillons Askari qui ont servi dans les armées des puissances coloniales européennes en Afrique au cours des XIXe et XXe siècles.    (COURTESY MOTION ART GALLERY)
Artiste multidisciplinaire, Mário Macilau né en 1984 au Mozambique est surtout connu pour ses réalisations photographiques. Dans sa série "Circle of Memories", l’artiste associe dans une même photographie des portraits de familles, souvent la mère et l’enfant, avec les alentours directs, des lieux en ruines, notamment des bâtiments datant de l’époque coloniale. Une réflexion sensible sur le temps et la mémoire, qui suggère à la fois la force et la fragilité de la vie des générations passées, actuelles et futures.      (MACILAU MARIO, COURTESY MOVART GALLERY)
Avec ses photos hyper colorées prises avec son téléphone portable, Prince Gyasi met en valeur la peau noire, offrant aux spectateurs un contre-récit aux notions dominantes de la beauté. Ses images principalement créées dans sa ville natale d'Accra, la capitale du Ghana,  parlent d'individus marginalisés, de la paternité, de la maternité ou de l'enfance et des émotions humaines. Résilience et force se dégagent de ses silhouettes. En plus d'être un artiste professionnel, il est le cofondateur de BoxedKids, une association qui vient en aide aux enfants défavorisés.      (COURTESY NIL GALLERY)
Née en 1986, Ymane Chabi-Gara est diplômée des Beaux-Arts de Paris, atelier de Marc Desgrandchamps, qui explicite son approche : "Dans sa pratique, chaque ligne, chaque couleur est pensée avec une extrême attention. Ses compositions ne sont pas seulement des images, mais des motifs incrustés au sein de la surface picturale." By Lara Sedbon, la galerie qui représente l’artiste, précise que Chabi-Gara "traite du corps en rapport avec le monde et avec la condition d’être social. L’intériorité de chaque personnage s’extrait d’une mise en scène peuplée d’éléments narratifs dans lesquels elle s’intègre souvent elle-même."    (COURTESY YMANE CHABO GARA)
Après des années de pratique de danse et de théâtre, Benji Reid né en 1966 s’est lancé dans la photographie en 2012. A travers ses photos qui peuvent se voir comme une poésie picturale, l’artiste cherche à retrouver la vérité de l’innocence de l’enfance. Il "se considère comme un choréo-photoliste, un terme qu’il a inventé pour résumer sa pratique où la théâtralité, la chorégraphie et la photographie se rencontrent dans l’image. Dans les hyperréalités qu’il présente, le sujet est libéré par les actes de l’imagination de l’artiste", explique October Gallery qui le représente.      (COURTESY BENJI REID & OCTOBER GALLERY)
Jonathan Vatunga, né en 1996 en République démocratique du Congo, est sorti diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa en 2017. En 2019, il obtient le statut de réfugié politique en France. Son œuvre traite des conflits, des luttes quotidiennes dans la société, d'injustice, des personnes déplacées… Ses peintures et collages suscitent très vite de l’intérêt et trouvent leur place rapidement dans les expositions internationales. Critiquant ouvertement les dirigeants et les situations politiques, l’artiste déclare : "Je représente la détresse, doucement mêlée à la joie pour faire passer un message de paix, de solidarité et d'espoir en rendant hommage à ces hommes, femmes et enfants tout en réfléchissant à leur passé et présent, avec la volonté d'éveiller enfin la société pour projeter l'avenir."    (JONATHAN VATUNGA, COURTESY OPEN ART EXCHANGE)
Talut Kareem né en 1994 au Nigeria "crée des portraits richement détaillés en combinant des personnages au fusain au rendu réaliste superposés avec des couleurs vives et des motifs abstraits. En juxtaposant le monochrome du fusain avec les formes sphériques colorées dans le plan de l'image, il a développé un langage visuel unique, lui permettant la liberté d'explorer la composition de la figure et de développer davantage son récit. Sa pratique est centrée sur la nature transitoire de notre conscience, décrivant les états émotionnels et mentaux de l'individu – ainsi que des modèles plus larges de comportement social – tout en essayant de capturer son propre état d'esprit", explique la THK Gallery.      (TALUT KAREEM, COURTESY THK GALLERY)
Pour son exposition inaugurale en 2020, la galerie Rizhome, qui met l’accent sur l’art d’Algérie et de ses diasporas, a présenté l’artiste Bardi de son vrai nom Mehdi Djelil. Né en 1985, diplômé de l’Ecole supérieure des Beaux-arts d’Alger, Bardi a commencé à exposer en 2009. Dans ses toiles comme "Gouvernant-gouverné", une réflexion sur l’autorité et la dictature, l’artiste n’hésite pas à utiliser ironie, burlesque et surréalisme pour mieux souligner le déséquilibre du monde. Il déclare : "Je tente de faire mon deuil de tous les événements qui ont secoué mon vécu (les violences des années 1990, NDLR) et celui partagé par des milliers d’Algériens par le recours à la dérision et la caricature comme forme artistique pour contourner le passé et magnifier le présent."    (SONIA MERABET, COURTESY RHIZOME)

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