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"Figures of Power", une exposition présentée à la galerie Afikaris à Paris
Publié le 30/07/2021 13:55
Mis à jour le 30/07/2021 13:55
A travers leurs œuvres, les deux artistes John Madu et Ousmane Niang veulent déconstruire les dynamiques de pouvoir.
L’exposition Figures of Power présente jusqu’au 14 août à la galerie parisienne Afikaris un "duo show" des artistes nigérian John Madu et sénégalais Ousmane Niang.
Cette exposition réunit et confronte deux langages picturaux très différents, pour finalement suggérer plusieurs lectures du pouvoir. Les deux peintres utilisent leur art comme une arme. Ils s'approprient tous deux l'histoire et prennent position.
Titulaire d'une licence en études politiques et stratégiques, John Madu est un artiste né en 1983 au Nigeria. Autodidacte, il a exploré différents médiums (acrylique, peinture à l'huile, spray, encre, collage…) et a su ainsi construire son propre style. Magazines, livres, réseaux sociaux, musique sont autant de sources d’inspiration. Ses influences vont des grands classiques de la peinture – de nombreux clins d’œil à Vincent Van Gogh, Gustav Klimt, Keith Haring… y font largement référence dans certaines de ses toiles – à la pop culture. Son travail est aujourd’hui présenté dans de nombreuses expositions d'art contemporain. (JOHN MADU/AFIKARIS)
Dans ses toiles figuratives, l’artiste peint des scènes de la vie quotidienne qui reflètent ses expériences personnelles. "Je pense que la représentation de la vie quotidienne est la forme d'art la plus puissante car la vie imite l'art et l'art imite la vie. (…) Mon art est imprégné de figures fortes qui ont marqué ma vie personnelle et ma vision du monde." Mais à travers ces scènes qui semblent paraître banales, anodines au premier regard, John Madu donne le pouvoir à ses personnages. Il les libère de toute norme sociale préconstruite et réécrit un monde où chacun est libre d’être qui il veut. (JOHN MADU/AFIKARIS)
Son travail qui brouille la frontière entre féminin et masculin est aussi une réflexion sur l’identité et sa représentation. "J'aime parler d'identité, de vie quotidienne et de masculinité. Mais, plus important encore, mon art tente de changer les stéréotypes sur comment les personnes originaires d'Afrique devraient être ou qui elles devraient être", déclare-t-il. Car comme Ousmane Niang il espère ainsi pouvoir renverser les clichés traditionnels de la domination et du pouvoir. (JOHN MADU/AFIKARIS)
Quand Madu parle de l’Histoire, de l'histoire de la jeune génération bercée par une culture globalisée et de sa propre histoire, il désire que son message puisse être universel. Il affirme : "Mon art ne peut pas se résumer à une ‘nouvelle Afrique’ ou à de nouvelles tendances africaines. L'art n'est pas stéréotypé. Je ne suis pas uniquement influencé par des facteurs ‘indigènes’, propres à une culture. Mon art est influencé par des facteurs universels parce que j'ai l'impression que le monde est devenu petit et que nous sommes surtout affectés par ce qui touche les autres parties du monde". (JOHN MADU/AFIKARIS)
Ousmane Niang est né en 1989 au Sénégal. La liberté, la tyrannie, le partage… sont des thèmes récurrents de son travail. Dans ses dernières œuvres, il incarne les figures du pouvoir "à travers la distinction marquée entre les animaux anthropomorphes et les animaux sauvages ou domestiqués, et illustre ainsi les questions de domination et de hiérarchie", explique Afikaris. Même si en Afrique comme dans le reste du monde, "les forts prennent de grandes parts et les faibles se retrouvent sans rien", déclare l’artiste, il espère avec ses œuvres participer à la construction d'un monde plus juste. (OUSMANE NIANG/AFIKARIS)
Pour Ousmane Niang, la figure homme-animal révèle à la fois l'endurance et la fragilité de l'être social face aux pouvoirs de toutes sortes. Il existe visuellement une séparation entre ceux qui font l’action, ceux qui la subissent et ceux qui y sont confrontés mais n’y répondent pas. "Les animaux qui sont humanisés : ce sont les dominants. C’est une incarnation du pouvoir. Les animaux qui restent animaux, sont quant à eux, les dominés", explique-t-il. Mais peu à peu de toiles en toiles, un jeu d’influence prend place et celui qui était faible et impuissant peut se retrouver en position de force comme dans un jeu de rôle pour s’approprier le pouvoir. (OUSMANE NIANG/AFIKARIS)
Pour Ousmane Niang "le pouvoir est un jeu, et dans un jeu, il y a toujours une dimension de pouvoir." Sa série "Jeu de cartes", où les figures royales sont remplacées par des animaux chargées de symboles, se veut une démarche politique. Il explique : "J’ai voulu me détacher du motif de la carte à jouer traditionnelle. De là est apparue une réinterprétation de sa composition. Ainsi, dans mes œuvres, les personnages s’extraient de la carte qui se retrouve en arrière-plan." Il ajoute : "Derrière chaque scène, il y a une scène alternative et derrière chaque problème, une solution." (OUSMANE NIANG/AFIKARIS)
Outre les figures animales et le jeu, les points présents sur ses toiles sont caractéristiques de son travail. Mais cette démarche inspirée de la technique du pointillisme n’est pas anodine ni simplement esthétique. Car ces points toujours doublés symbolisent eux aussi la dualité : dominants/dominés, conflits/solutions. "Ses toiles ne sont pas vouées à être uniquement contemplées. Elles sont un appel à l’action, à devenir soi-même une figure de pouvoir, comme un écho au soulèvement de la jeunesse sénégalaise en mars 2021", précise Afikaris. "Mon but est de faire de l'art un facteur de développement et d'initier les jeunes à la recherche et à la création afin qu'ils ne deviennent pas de simples consommateurs", affirme Ousmane Niang. (OUSMANE NIANG/AFIKARIS)
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