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Marème N’Diaye, nouvelle perle du cinéma qui se révèle dans «Amin»

La comédienne sénégalaise Marème N’Diaye incarne Aïcha, l'épouse d'Amin, immigré sénégalais en France qui donne son nom au dernier film de Philippe Faucon. La jeune actrice est époustouflante dans son premier grand rôle au cinéma où elle prête ses traits aux femmes qui restent au pays, dans l’ombre d’un compagnon obligé de s’exiler pour offrir des lendemains qui chantent aux siens. Entretien.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
La comédienne Marème N'Diaye, le 30 octobre 2018, au Festival international du film francophone de Namur (Belgique). (Fabrice Mertens/FIFF Namur )

Comment avez-vous été choisie pour incarner Aïcha?
J’étais chez moi et j’ai jeté un coup d’œil sur les castings qu’il y avait sur Internet. J’ai découvert celui-ci où l’on cherchait une Sénégalaise. J’ai répondu, mais je n’en attendais rien, me disant: «Ces castings sur Internet...» Et puis quelque temps après, j’ai été contactée par Philippe Faucon. On s’est vus, il m’a parlé du scénario et le casting s’est très bien passé.

Qu’avez-vous fait pour vous préparer à incarner Aïcha, la femme qui reste?
C’est un personnage vraiment complexe. Les femmes souffrent vraiment de cette situation. Certaines se marient, ont des enfants, en sachant qu’elles ne reverront jamais leur conjoint. Ce sont des situations que j’ai vues. Cette souffrance peut tuer. J’ai appréhendé le personnage d’Aïcha en ces termes. Elle veut être aux côtés de son mari. Son quotidien est triste, elle ne voit son mari que deux fois par an. Aïcha se sent isolée, elle ne se reconnaît plus et les nombreuses tensions dans la maison familiale font qu'elle s'enferme davantage. Aïcha souffre aussi de devoir subir sa belle-famille, d’être sous le contrôle de ces gens, notamment de son beau-frère. Elle insiste pour rejoindre son époux pour ne plus, entre autres, les avoir sur le dos. Cela tombe sous le sens, je me suis vraiment mise à sa place 

Par ailleurs, Philippe (Faucon) m’avait déjà bien briefé sur le rôle. Notamment sur la scène d’amour avec Moustapha (Mbengue qui incarne Amin, le héros du film). Je me suis préparée psychologiquement. C’était le plus gros challenge du rôle. C’est une scène que j’appréhendais. Mais je me suis préparée et surtout engagée. On en a terminé rapidement (sourire). Tout s’est très bien passé et c’était très professionnel.



Qu’est-ce qui vous interpellé dans ce personnage?
Son caractère! C’est une femme déterminée et ambitieuse. Je me rapproche d’Aïcha a ce niveau-là. Dans le contexte traditionnel qui est le sien, où les femmes n’ont pas leur mot à dire, elle résiste et s’affirme face à sa belle-famille.

Un second rôle dans «Maman(s)» qui repart avec le César du meilleur court métrage en 2017. Un premier rôle important dans un long métrage et vous êtes à Cannes pour la Quinzaine. Votre jeune carrière démarre très bien...
Oui, nous étions à la Quinzaine! Ce film qui m’amène à Cannes... J’en avais rêvé, mais je ne pensais pas que cela arriverait un jour. Et c’est arrivé! Le César de Maman(s) était plutôt pour la réalisatrice, mais j'ai eu le privilège de récupérer le Trophée francophone pour le même film au Cameroun en 2017. C'était la première fois que je touchais un trophée.

C’est incroyable ! Toutes ces expériences sont magiques! Entre le César et Cannes... Comme quoi, tout peut arriver à n’importe qui.

Le cinéma est arrivé comment dans votre vie?
Je suis titulaire d’un master en gestion hôtelière. J’aime beaucoup regarder les séries à la télévision, les fictions, les drames... Je suis comme tout le monde et je me disais que ce serait une belle expérience de me retrouver devant la caméra. Mais en réalité, ma carrière de comédienne a commencé par hasard. Je voulais juste faire de la figuration parce qu’avec mon métier, je n’avais pas beaucoup de temps. Finalement, je me suis retrouvée à jouer dans Maman(s) de Maïmouna (Doucouré).

Quand je suis sur un plateau, cela me permet de m’exprimer – ce que je n’arrive pas toujours à faire dans mon quotidien –, de me libérer, c’est une sorte de thérapie. Cela me permet d’être moi-même: je n’ai pas besoin de cacher ce que je ressens. L’émotion passe au-delà du texte. Ce qui me plaît dans le cinéma, c’est sa capacité à rassembler les gens, comme durant les festivals, et à insuffler de la gaieté.


Moustapha Mbengue (Amin), Marème N’Diaye (Aïcha, à droite) et les acteurs qui interprètent leurs enfants dans une scène du film «Amin» de Philippe Faucon.  (Photo du film «Amin» de Philippe Faucon)

Vous formez un triangle amoureux avec Emmanuelle Devos et Moustapha Mbengue. Comment avez-vous travaillé ensemble, même si vous n’aviez pas de scènes en commun avec Emmanuelle Devos parce que le film se déroule entre la France et le Sénégal?
La relation qu’entretiennent les personnages de Moustapha Mbengue et Emmanuelle Devos est presque saine parce qu’elle résulte de leurs solitudes respectives. De son côté, Aïcha est à l’image de toutes les femmes qui peuvent avoir ce pressentiment qu’il se passe quelque chose. Ses doutes sont d’autant plus nourris que sa situation est difficile. Tout cela se mélange et donne lieu à cette paranoïa qui se trouve être au demeurant tout à fait justifiée.

Avec Moustapha, on rigolait tout le temps. C’était parfois dur de tourner, entre la fatigue et Moustapha qui faisait le clown. Philippe disait alors: «C'était bien. Mais pourquoi tu as rigolé à la fin?» C’était un tournage savoureux du début à la fin.

«Amin», de Philippe Faucon
Avec Moustapha Mbengue, Emmanuelle Devos et Marème N'Diaye
Sortie française: 3 octobre 2018

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