Cet article date de plus de cinq ans.

Pour ses 20 ans, le musée du Quai Branly dévoile ses coulisses

L'exposition "Vingt ans" du musée du Quai Branly Jacques Chirac à Paris, présente les coulisses de l'établissement public depuis sa création en 1998.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Le musée du quai Branly Jacques Chirac, à Paris (MANUEL COHEN / MANUEL COHEN)

Le musée du Quai Branly Jacques Chirac dévoile les secrets ayant présidé à l’acquisition d'une sélection de 77.000 œuvres et documents de l’institution, dans l’exposition "Vingt ans" qui fête ses deux décennies d’existence, du 24 septembre au 26 janvier.

Des œuvres plurielles

Un improbable costume de mardi gras tout en plumes bleues, des chants traditionnels d'enfants ou d'adolescents enregistrés, des photos de 1895 de paysans chiliens branchés à un gramophone : le Musée du Quai Branly pénètre dans les cultures non occidentales déclinées sous toutes leurs formes d’expression.

Les statues des "arts premiers", pour lequel le Musée est réputé, ne sont pas les seules exposées. L'histoire des peuples est racontée aussi par les tissus, coiffes, calebasses, dessins et photos d'explorateurs et d'autochtones, enregistrements, récits de voyages et archives révélant les regards colonial et post-colonial... Jusqu'à l'art et la photo contemporains réinterprétant ces réalités.

Une petite œuvre acquise récemment étonne particulièrement : "Le Christ bon pasteur et deux scènes de la vie de Saint Jean-Baptise dans un paysage", réalisée avec des plumes de 14 espèces d'oiseaux par des artistes aztèques du XVIe siècle au Mexique, s'éclaire d'un bleu vert très lumineux quand on la regarde par en-dessous.

Costumes traditionnels palestiniens de la bande de Gaza exposés au musée du Quai Branly à Paris.. (PIERRE VERDY / AFP)
Le "Bison blanc", costume de reine des Mardi gras de la Nouvelle Orléans, est une des œuvres les plus insolites avec ses centaines de plumes bleues. Les parures, les ornements, les coiffes sont à l'honneur. "La beauté des tissus qui sont exposés montre à quel point ils ont été marqueurs de richesses, de statut", souligne Yves Le Fur, directeur des collections du musée et commissaire général.

La bibliothèque de Claude Levy Strauss est reconstituée en trompe-l’œil. A chaque recoin du parcours, des commissaires expliquent sur des vidéos leur choix d'œuvres. Un travail passionnant d'ethnologie.

Fréquenté depuis son ouverture au public en 2006 par près de 15 millions de visiteurs, le Musée du Quai Branly-Jacques Chirac s'est spécialisé dans les arts d'Afrique, d'Océanie, d'Asie et des Amériques, tandis que le MUCEM à Marseille prenait le volet européen.

60% des œuvres exposées sont des dons

"Je ne voulais pas trop que cette exposition soit une célébration des vingt ans. Montrer plutôt que c'est un travail, un process qui n'est jamais fini, qui est dynamique. Le dialogue des cultures, il y a vingt ans que l'on travaille là-dessus", explique Yves Le Fur.

L'essence du musée, plaident les commissaires, ce sont les coups de cœur ramenés par des conservateurs-explorateurs passionnés. Mais aussi un travail complexe pour réaliser des acquisitions dans les règles internationales, qui implique souvent des enquêtes ardues sur les provenances. Soixante pour cent des œuvres sont en effet des dons.

"On a souvent de jolies histoires mais il faut vérifier qu'elles sont vraies. On n'acquiert pas d'œuvres dans le doute", souligne de son côté Emmanuel Kasarhérou, directeur adjoint des collections.

Masques etniques exposés parmi les 300 000 oeuvres que recèle le musée du Quai Branly à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)
"Il s'est agi de faire un tri dans la multiplicité" et de sortir aussi de certaines omissions volontaires, souligne-t-il : ainsi la période coloniale a connu un "enfer" de trente ans et "on y redécouvre maintenant des choses très intéressantes".

L'exposition se veut pédagogique: "Certains croient que l'histoire de l'humanité s'inscrit entre Praxitèle et Jeff Koons et qu'entre les deux il n'y a rien", s'amuse Stéphane Martin, président du musée.

Un travail exceptionnel du musicologue Francis Corpataux, parti depuis 1990 à la recherche des chants d'enfants du monde et berceuses, est présenté, avec un condensé de 35 minutes de 2.600 chants enregistrés.

Interrogé sur le sujet délicat des restitutions à l'Afrique, Yves Le Fur prône la circulation dynamique des œuvres entre musées: "Il faut développer avec l'Afrique la même chose qui existe avec la Chine, Singapour et la Corée". "Il faudrait qu'il y ait des expositions de Titien en Afrique... Pourquoi ne projette-t-on pas cela ?"

"Vingt ans", Musée du Quai Branly, du 24 septembre au 26 janvier

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.