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Rwanda : la langue française a perdu de son rayonnement au profit de l'anglais

L'anglais a été privilégié par le parti au pouvoir, dont les cadres tutsis avaient trouvé refuge en Ouganda anglophone.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Magazines français exposés dans une bibliothèque du centre-ville de Kigali (2 août 2018). Le Rwanda a tourné le dos au monde francophone en choisissant l'anglais comme langue d'enseignement il y a plus de dix ans.  (JACQUES NKINZINGABO / AFP)

Emmanuel Macron inaugure le 27 mai 2021 un nouveau Centre culturel francophone à Kigali, sept ans après la fermeture de l'Institut français au Rwanda. Le français, langue de l'ancien colonisateur belge et de l’administration, a grandement perdu de son influence depuis l’arrivée au pouvoir en 1994 du Front patriotique rwandais. Les controverses sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsis, qui a fait au moins 800 000 morts, ont été sources de vives tensions entre Paris et Kigali, dont les relations diplomatiques ont été rompues entre novembre 2006 et novembre 2009. A l'heure de la reconstruction post-génocide, le français s'est retrouvé en concurrence avec l'anglais, langue parlée par la plupart des réfugiés tutsis revenus d'Ouganda – anglophone – qui ont constitué la nouvelle administration.

Le président Paul Kagame, lui-même éduqué en Ouganda (et formé en partie aux Etats-Unis), a introduit dans la Constitution de 2003 l'anglais comme troisième langue officielle, avec le kinyarwanda et le français. Ce qui a favorisé l’ouverture économique aux pays de l’Afrique nglophone, notamment l'Ouganda, le Kenya, l'Afrique du sud...

L'anglais remplace le français à l'école

Autrefois langue de l’enseignement public, le français a subitement été remplacé par l'anglais comme langue d'enseignement obligatoire à l'école en 2008, alors que les relations entre Paris et Kigali étaient au plus bas. Les autorités rwandaises ont toujours réfuté toute volonté politique ou idéologique de reléguer le français au second plan, invoquant plutôt un pragmatisme et une volonté de former la jeunesse à une langue jugée essentielle pour le développement économique du pays, situé au carrefour de l'Afrique francophone et anglophone.

"La radio nationale ne lit plus les informations en français. A la télévision nationale, les informations françaises sont diffusées après 22h, alors que les gens dorment déjà"

Etienne Gatanazi, ancien présentateur à la télévision rwandaise

à l'AFP

6% de francophones

En 2018, le français était parlé par 724 000 des 12,5 millions de Rwandais, soit 6% de la population, selon l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Le français reste la langue étrangère la plus parlée dans le pays. Ce faible pourcentage s'explique par le fait que le kinyarwanda est la langue nationale parlée par presque tous les Rwandais, qui n'ont donc pas besoin de langue étrangère pour se comprendre, contrairement à d'autres pays africains où plusieurs langues locales coexistent. C'est la langue de tous les jours et le vecteur historique et culturel du pays.

Avec le récent réchauffement des relations entre Paris et Kigali, apaisées par la publication de deux rapports, un français et un rwandais, concluant à une lourde responsabilité française – mais pas à une complicité – dans le génocide de 1994, le français espère trouver un nouveau souffle.

Un retour timide du français

Le nouveau "Centre culturel francophone" inauguré par Emmanuel Macron dans la capitale rwandaise "aura vocation à faire rayonner non seulement la culture française, mais aussi toutes les ressources de la francophonie, notamment des artistes de la région", selon la présidence française.

Ce réchauffement des relations entre la France et le Rwanda a commencé il y a déjà quelque années par l’intermédiaire de la francophonie, puisque l'OIF est dirigée depuis 2018 par l'ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.

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