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«Wallay», quand le retour au pays transforme un jeune métis
Hymne à la découverte de ses origines, le film «Wallay» (en salles le 28 juin), du réalisateur suisso-burkinabè Berni Goldblat, met le doigt sur un phénomène dont on parle peu: celui de ces adolescents issus de l’immigration qui partent dans le pays d’origine de leurs parents.
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Dans l’avion qui se pose sur le tarmac burkinabè, Ady, 13 ans, part pour ce qu’il pense être des vacances chez son oncle. En réalité, le jeune métis quitte sa banlieue lyonnaise et son père pour expier ses «petits business» et ses frasques. La gifle paternelle reçue en ouverture du film l’a propulsé jusqu’à Gaoua, une petite ville du sud-ouest du Burkina Faso, où il rencontre cette famille qu’il n’avait encore jamais vue.
Tout au long du film, Ady va de surprise en surprise, comme bien des jeunes de son âge qui découvrent le continent pour la première fois. Surprise d’arriver au village en pleine coupure de courant, agacement de ne pas avoir la 4G sur son smartphone flambant neuf et étonnement de ne pas comprendre la langue que parlent son oncle ou sa grand-mère.
«J’ai voulu jouer avec les clichés sans tomber dedans», s’amuse Berni Goldblat, lors d’une avant-première. Car d’autres surprises viendront gommer les premières. Le marché du village, si rural soit-il, n’est pas épargné par la mondialisation, et Ady écarquille les yeux devant les baskets de ses rêves que porte un de ses cousins. Et ce vieil oncle, qui se fait traduire par son entourage quand il discute avec Ady, parle en réalité un français parfait.
Wallay suggère avec simplicité une réalité complexe, celle de ce Burkina Faso mi-rural, mi-urbain, ouvert sur le monde, mais où l’insolente spontanéité d’Ady se heurte au respect des traditions. L’initiation du jeune homme, chaperonné par son cousin, couvé par sa grand-mère, retrace celle que suivent des centaines de jeunes qui ont grandi dans des sociétés occidentales, et qui s’installent dans des pays africains. Depuis plusieurs années, le retour au pays est de plus en plus fréquent dans les diasporas et l’histoire du jeune Ady montre toute la complexité et la beauté de ce processus.
Présenté à plusieurs festivals, dont le fameux Fespaco de Ouagadougou, ce film franco-burkinabè est aussi une manière pour le réalisateur de questionner sa propre identité, une identité métisse. «Je compte faire un test ADN, pour savoir d’où je viens», explique celui qui est né à Stockholm, de nationalité suisse, et qui vit au Burkina Faso depuis 25 ans.
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