A table ! Le chef est une femme: Nathalie Shermann
Nathalie Shermann est née à Brazzaville, au Congo. Elle apprend très tôt à cuisiner, mais aussi à coudre. Très habile de ses mains, elle fabrique elle-même ce dont elle a besoin en cuisine, comme en vêtements. Elle est venue en France pour apprendre l'une des deux spécialités phare du pays, la cuisine ou la couture. Elle n'en a pas eu le temps.
Représentante de la France dans le monde
Mariée à un Français, elle accompagne son mari sur le chemin de l'expatriation en Afrique ou dans les Caraïbes. A chaque fois, après la phase d'installation, sa maison, et avant tout sa table, devient le repaire des autres expatriés «surtout quand on est expatrié des pays d'Afrique anglophone où la cuisine n'est pas particulièrement savoureuse». Elle est leur «table d'hôtes» et leur concocte des spécialités françaises, mais aussi d'autres plats qu'elle avait glanés au fil de ses voyages.
En effet, dans chaque pays où elle s'installe, elle observe, se renseigne et s'imprègne de la cuisine locale. Et organise toutes les semaines des «sessions culinaires», à mi-chemin entre l'ethnologie gustative et la gourmandise pure. Chaque femme expatriée apporte un plat de chez elle, que toutes découvrent en le dégustant. Mais dans le même temps, cette touche-à-tout continue de coudre et a même servi de mannequin bijou en Polynésie.
Fin de vadrouille
Du fait de la scolarité de ses enfants, Nathalie et son mari prennent la décision de revenir en France. Alors qu'elle se demande de quoi son avenir sera fait, l'une de ses filles y répond partiellement en l'inscrivant comme compétitrice dans l'émission de téléréalité culinaire Master Chef. Une expérience éprouvante, qu'elle ne remporte pas, mais enrichissante.
Comme elle n'a pas de références à produire pour diriger une brigade en cuisine, elle postule dans des restaurants comme simple commis. Mais au vu de son savoir-faire, qui va du début à la fin d'un repas, le gérant lui propose de remplacer le chef qui part. Bien qu'un peu angoissée par l'ampleur de la tâche, elle se dit «que ça ne doit pas être très différent de la maison. Et je me suis retrouvée à gérer cette cuisine les 6 mois suivants. Seule exigence: changer la carte parce qu'ils servaient des boîtes. Tout est devenu frais et fait maison et le succès a été là.» Elle quitte pourtant le restaurant suite à un différend avec le gérant.
«J'ai eu des propositions de grandes maisons, mais en cuisine j'aime m'amuser, préparer ce que je trouve dans mon frigo, pas refaire la même chose. Je m'éteignais. Le temps est venu d'ouvrir ma propre affaire. J'ai ouvert un restaurant où j'ai revisité les plats africains, en enlevant tout ce qui est gras, tout a été retravaillé et il y avait des crèmes (condiments) que je faisais pour accompagner ma viande. Ma fille m'a alors fait remarquer que j'étais la seule à la préparer et qu'avant de me la faire piquer, autant en déposer le brevet et la commercialiser.» Fermeture du restaurant et ouverture d'un laboratoire d'épicerie fine.
L'Afrique made in France
La marque d'épicerie fine Joe et Avrel's est née. A partir de là, non seulement Nathalie Shermann dépose et commercialise sa crème pour accompagner viandes et poissons, mais elle en crée d'autres et tient absolument à mettre l'accent sur le packaging afin de rendre ces produits africains savoureux attrayants. «il faut que ce soit beau et bien présenté, parce que bonne la cuisine africaine l'est!» Sous sa marque elle vend des jus de baobab ou d'ibiscus, mais aussi des pâtes à tartiner sucrée ou salées aux goûts très inhabituels pour les consommateurs français.
Un nouveau défi que cette très grande femme (1,90m) affronte avec gourmandise et plaisir. Son souhait, mettre en avant l'«Afrofusion», qui met en contact un ou deux produits africains avec un produit français et en faire quelque chose de retravaillé et adapté aux palais occidentaux. Mais avec un goût original africain et bien présenté. Elle qui a toujours voulu que la cuisine africaine soit appréciée à sa juste valeur espère que le Festival We eat Africa sera la chance de la faire découvrir, en la présentant sous un jour valorisant.
Festival «We eat Africa»,
45 bis, avenue Edouard Vaillant,
92100 Boulogne-Billancourt
Le 7 juillet 2018 de 9h à 18h
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