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Avec l’île Maurice, la Chine signe son premier accord de libre-échange avec un pays d’Afrique

La Chine pose un premier pas sur le continent africain en termes d'accord commercial, mais n’entend pas en rester là.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Signature, le 2 septembre 2018 à Pékin, de l'accord de libre échange entre la Chine et l'île Maurice. (POOL NEW / REUTERS)

Il aura fallu trois ans de négociations et de préparatifs pour y parvenir. Le 1er janvier 2021 marque l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange entre la Chine et Maurice (ALE). Pour l'Empire du milieu, c'est le premier accord de ce type signé avec un pays africain.

Une première certes modeste pour le géant mondial, les échanges avec l'île étant relativement faibles. En 2018, note le site mauricien lexpress, la somme des échanges entre les deux pays a atteint 842 millions de dollars, très largement en défaveur de l'île avec 37 millions de dollars d'exportation vers la Chine.

"C'est le meilleur cadeau que puisse s'offrir Maurice pour la nouvelle année. S’ils sont pleinement utilisés, ces accords ont le potentiel de transformer le paysage économique" de l'île, réagit Sunil Boodhoo, directeur du service international au ministère des Affaires étrangères mauricien.

Maurice, juste une étape pour Pékin

Mais Pékin ne s'en cache pas, Maurice n’est qu’une étape. L'ALE aura une grande importance pour la coopération entre la Chine et le continent africain au sens large. "La signature d'un accord de libre-échange avec Maurice aidera la Chine à s'intégrer davantage dans l'économie africaine et la chaîne industrielle africaine", a déclaré Bai Ming, directeur adjoint de l'Institut d'études des marchés internationaux chinois.

Une tête de pont en quelque sorte, qui permettra à la Chine, via Maurice, d'atteindre davantage de pays africains, notamment pour ses capacités de fabrication et ses matières premières. Une nouvelle étape après une politique d'aide à des investissements structurels au coup par coup, grâce à laquelle la Chine s'est installée sur le continent africain.

D'ailleurs, Pékin réaffirme sa volonté d'être acteur d'une politique mondialisée. "La signature de l'accord entre la Chine et Maurice est également un signe montrant que la Chine soutiendra sans réserve la stratégie de mondialisation et s'opposera à l'unilatéralisme", précise Song Wei, chercheur associé à l'Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique.

Plus de 7 000 produits concernés

La suppression des droits de douane concerne dans l'immédiat 7 504 produits, soit 93% des volumes échangés entre les deux pays. Plus de taxe donc sur l'acier, le textile et autres produits manufacturés de l'atelier du monde. En échange, le sucre mauricien pourra faire progressivement son apparition en Chine, pour un quota de 50 000 tonnes sur huit ans.

Mais c'est sûrement dans le domaine des services que l'île a le plus à gagner. 130 secteurs, allant des transports à la santé en passant par l'éducation, vont ainsi pouvoir s'ouvrir sans contrainte aux largesses du "soft power" chinois. "A l’avenir, le gouvernement chinois continuera à fournir un soutien et une assistance dans la mesure de ses moyens, en fonction des besoins économiques et sociaux de Maurice", assure l'ambassade de Chine à nos confrères de lexpress.

En retour, nul doute que le système fiscal mauricien très généreux offrira un accueil chaleureux à des capitaux chinois en mal d'optimisation fiscale. Maurice a en ce domaine une réputation pour le moins sulfureuse, qui l'a placée un temps au ban de l'Union européenne. L'île Maurice aurait-elle troqué son emblème, le dodo, contre un cheval de bois ?

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