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Gratte-ciels : quand les villes d'Afrique prennent de la hauteur

Les métropoles africaines se rêvent en "toit de l'Afrique" et rivalisent d'ambitions et de projets de gratte-ciels innovants. Les skylines de Nairobie, Lagos, Abidjan, Le Caire, Johannesburg offrent une nouvelle vitrine de l'Afrique, à l'occidentale, ouverte aux investisseurs étrangers.
Article rédigé par Chloe Berthod
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un lion se repose dans le parc national de Nairobi avec en fond la skyline de la capitale kenyane.  (Tony Karumba / AFP )

Qui aura la plus grande tour d’Afrique ? Trois projets de construction de gratte-ciel se vantent chacun d’être celui qui ira le plus haut. Récemment, les médias marocains ont annoncé qu’un consortium sino-marocain avait remporté l’appel d’offre pour construire la « Tour de Rabat », d’une hauteur de 250 mètres et 45 étages. Elle dépasserait ainsi les 223 mètres du Carlton Center de Johannesburg, toit de l’Afrique depuis 1973. Mais avant même qu’elle ne sorte de terre, son titre de « plus haut gratte-ciel d’Afrique » est déjà remis en jeu.


Aller plus haut 
Connue pour ses nombreux gratte-ciels visibles depuis le parc national, Nairobi s’apprête en effet à accueillir une nouvelle tour, le Pinacle. La première pierre a été posée par le président Uhuru Kenyatta en mai 2017 et le bâtiment devrait s’élever à une hauteur de 300 mètres, dépassant les ambitions marocaines. L’Afrique du Sud n’a quant à elle pas dit son dernier mot. Depuis 2012, la municipalité de Tshwane –gigantesque agglomération qui englobe la capitale Pretoria- étudie le projet d’un building aux dimensions impressionnantes : 447 mètres sur 110 étages, soit plus haut que l’Empire State Building américain.



Une architecture adaptée ? 
Les grandes villes du continent africain démontrent un réel engouement pour la construction en hauteur. Et les chantiers se multiplient. On compte désormais une centaine d’édifices mesurant plus de 100 mètres de haut. Au Nigéria, Lagos est surnommée « la New York de l’Afrique », le chantier du premier gratte-ciel de Dakar est sur le point de débuter et la Chine investit en Afrique du Sud pour construire le « Manhattan de l’Afrique » dans la banlieue de Johannesburg.


Toutes ces références aux skylines américaines, suggèrent ainsi une architecture dans le style occidental des tours de verre, ce que déplorent certains. Interrogé par Le Monde, Alfred Omenya, directeur d’Ecobuild Africa, regrette une  « perte d’identité visuelle et architecturale » d’une ville comme Nairobi. Utilisés comme vitrine, les gratte-ciels ont pour objectif de créer un appel et d’attirer les investisseurs et les grands groupes multinationaux au sein des métropoles africaines. Luxueuses et souvent construites en dehors des centres ville, les tours n’ont pas vocation à absorber l’explosion démographique que connaissent les villes du continent et abritent pour la plupart des bureaux, des hôtels ou des commerces. Un paradis pour expatriés, en somme.

Pourtant, certaines villes ont décidé de faire marche arrière. C’est le cas de la capitale de la Côte d’Ivoire, Abidjan. La ville a décidé de revenir après des années de construction dispendieuse, à une architecture « à l’horizontale », moins tape-à-l’œil. « Le plus important pour nous, ce n’est pas d’impressionner, mais de répondre aux besoins en proposant des logements respectueux de l’environnement, avec une économie de matière », explique à Jeune Afrique Issa Diabaté, architecte d’édifices du Plateau, le quartier d’affaires d’Abidjan.


Des projets innovants et responsables 
Alors, est-il possible de concilier gratte-ciel et utilité sociale en Afrique ? En avril 2017 deux architectes polonais, Pawel Lipinski et Mateuz Frankowski ont remporté le concours d’architecture Skycraper Competition du magazine eVolo. Le projet, intitulé « Mashamba » (ferme en swahili ndlr) est conçu pour servir de centre d’éducation sur l’agriculture et lieu de commerce en Afrique subsaharienne. Leur idée, une tour modulable et évolutive en fonction des besoins des agriculteurs, mais également transportable une fois l’autosuffisance atteinte.

 

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