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LA VIDEO. Namibie: De Beers chasse le diamant jusqu'au fond des mers

L'exploitation du diamant est devenue également une activité off-shore en Namibie. Pour la multinationale De Beers, c'est l'avenir. En 2016, 1,2 million de carats, les deux tiers des diamants extraits en Namibie, provenaient des fonds marins.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un employé de la Namibian Diamonds Trading Company examine des diamants le 21 juin 2017 à Windhoek, la capitale de la Namibie (GIANLUIGI GUERCIA / AFP)

«Nous pensons que l'extraction terrestre n'est pas finie mais elle va nécessiter de très gros investissements», dixit Daniel Kali, le patron de De Beers en Namibie. «L'off-shore est par contre promis à un avenir très florissant». Les mines exploitées depuis des décennies dans l'aride désert namibien commencent à se tarir, aussi la multinationale mise-t-elle désormais sur l'extraction off-shore. 
 
Une escadre de cinq bateaux armés d'aspirateurs sous-marins ratisse depuis plus de dix ans le lit de l'Atlantique à la recherche des pierres précieuses crachées par la rivière Oranje. Leur récolte, unique au monde, a pris des allures de pêche miraculeuse. 

L'an dernier, la compagnie Debmarine Namibia, un partenariat à 50-50 entre De Beers et le gouvernement, a déjà produit 1,2 million de carats, les deux tiers du total extrait du pays. 

Le diamant des mers
«Mafuta», le navire amiral de cette flotte, est unique en son genre. Il fait plus de 170 m de long, 33 m de haut, 21.000 tonnes et compte 98 marins à son bord. «C'est le plus gros bateau spécialisé dans l'extraction de diamants sous-marins au monde», explique son capitaine, Justin Barrett. 

A 100 m sous sa quille, un aspirateur géant surnommé le «boucher», désosse patiemment les fonds marins à raison d'un kilomètre par heure. Les sédiments sont aspirés dans un tuyau, puis hachés et lavés ; avant d’être recrachés dans l’océan. Les diamants, repérés par rayon X, finissent automatiquement dans des boîtes de conserve, sans aucune manipulation humaine.

Debmarine Namibia n'a pour l'heure couvert que 10% de sa concession de 6.000 km² dans l'Atlantique. Mais elle est persuadée de tenir le bon filon. Ses pierres, d'une qualité rare, s'arrachent à plus de 600 dollars le carat, plus de deux fois celui des diamants extraits par De Beers au Botswana voisin. «C'est le gisement de diamants marins connu le plus riche au monde», se réjouit le chef des opérations de l'entreprise, Jan Nel, «il y en a pour cinquante ans de travail». Ce bail de longue durée inquiète toutefois les écologistes.

«L'impact de ces activités est considérable pour l'environnement, notamment pour les sédiments des fonds sur une profondeur de 20 cm, la faune y est irrémédiablement détruite», prévient Saul Roux, du Centre for Environmental Rights. 

L'ONG redoute l'essor des activités minières sous-marines sur la planète et plaide pour un «moratoire», en attendant plus de certitudes scientifiques indépendantes sur leurs effets.

La Namibie veut sa propre marque de diamants
Pour l'heure, l'Etat namibien a renouvelé son partenariat avec De Beers pour dix ans. Avec plus de 200 millions d'euros d'impôts versés en 2016, l'entreprise est son plus gros contribuable. En vertu de cet accord, la Namibie peut désormais vendre directement une partie (15%) de ses pierres sur le marché. Elle en a d'ailleurs obtenu de meilleurs prix que ceux que lui offrent De Beers, ce qui a fait grincer quelques dents.

Les autorités namibiennes ont bien l'intention de profiter du filon. «De Beers utilise nos gemmes pour promouvoir sa propre marque», explique Kennedy Hamutenya, PDG de Namdia, l'entreprise qui  vend les pierres pour le gouvernement. «Nous voulons désormais créer notre marque pour que les gens sachent que le diamant qu'ils portent vient de chez nous».

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