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Nigeria: à Lagos, Eko Atlantic, projet de ville dans la ville, est à la peine

Des milliers de résidents de Lagos ont lutté contre les inondations début juillet. Les quartiers résidentiels d’Ikoyi, Lekki et l'île Victoria ont été les plus touchés. Eko Atlantic a, lui, été épargné. Ce projet faramineux construit sur la mer doit accueillir un centre économique, des complexes de bureaux et des appartements de standing. En raison de la crise, sa construction tourne au ralenti.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Sur Eko Atlantic (quartier de Lagos au Nigeria), vendu comme le plus grand projet immobilier d'Afrique, la construction frénétique a fortement ralenti... en attendant des jours meilleurs. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)

Sorti de terre – ou plutôt gagné sur la mer – en 2008, Eko Atlantic (Eko veut dire Lagos en yorouba) et son île artificielle de 10 km² a déjà coûté plusieurs dizaines de milliards de dollars à des investisseurs privés. Construite à côté de l’île Victoria, grâce aux milliers de tonnes de sable dragués dans l’Atlantique, cette future ville dans la ville-monde est protégée par «la Grande Muraille de Lagos» (8,5 km à terme), censée la protéger des coups de boutoir de l’océan et de ses «pires tempêtes», selon les développeurs du projet.

Eko Atlantic, projet inauguré en grande pompe en présence de l’ex-président américain Bill Clinton, inclut un plan directeur mesurant l'évaluation de son impact sur l'environnement. Pour autant, certains experts estiment que ce mur risque de favoriser les inondations dans plusieurs autres endroits de Lagos, mégapole construite sous le niveau de la mer, comme l’indique le site Quartz, d’autres pensent le contraire.


Un projet pharaonique
Il s’agit du plus grand projet immobilier en cours sur le continent africain. Et d’un énorme défi pour le gouvernement confronté au changement climatique et à l’urbanisation galopante de Lagos, qui compte 22 millions d’habitants. «Rien, pas même l'océan Atlantique, ne peut arrêter sa croissance exponentielle», observe Le Point Afrique, qui retrace l’histoire de la ville africaine polluée où règne l’anarchie dans l’urbanisme et les transports, notamment.

Pourtant, dans un contexte de ralentissement économique, le projet de hub financier et de résidences de luxe semble s’essouffler. Et «le Dubaï de l’Afrique», comme on l’appelle souvent, perd des investisseurs. En cause, selon le site Le360, «la chute des cours du pétrole et les attaques rebelles incessantes sur les sites pétroliers dans le sud du pays (qui) ont durement impacté l’économie du géant ouest-africain en 2016, la monnaie nationale ne cessant de dégringoler face au dollar. Le pays, qui tire 75% de ses revenus du pétrole, souffre d’une importante pénurie de devises étrangères.»

Un quartier réservé aux très riches
Le programme anti-corruption du président Buhari a aussi mis fin à certaines pratiques douteuses dans le milieu de l’immobilier, mettant un coup d’arrêt à certains programmes neufs. Aujourd’hui, les panneaux «A louer» fleurissent aux fenêtres des immeubles flambant neufs qui peinent à trouver preneur.

Un appartement à Eko Atlantic peut se vendre 2 millions de dollars, voire 5 ou même 10, alors même que la moitié des Nigérians vivent avec moins de 2 dollars par jour.


Toutefois, «malgré la crise, il y a encore énormément d’argent», écrit Le360, qui estime que le Nigeria, 180 millions d’habitants aujourd’hui, sera le 3e pays le plus peuplé au monde en 2050. Le pays manque déjà de 16 millions de logements, selon la banque nigériane Federal Mortgage, citée par le site (voir la vidéo ci-dessus).

Aujourd’hui, Eko Atlantic attend donc des jours meilleurs. Ceux qui lui permettront, selon les promoteurs du projet, d’accueillir 300.000 visiteurs par jour dans une cité du futur où vivront au moins 500.000 personnes… qui en auront les moyens.

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