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Wallis, Karenjy, Kiira, quand les voitures africaines entrent en piste

Si les usines de montage ne manquent pas en Afrique, les modèles conçus et fabriqués sur le continent se comptent sur les doigts d'une main.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
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La Karenjy Mazana est le seul modèle de voitures produit à Madagascar. (RIJASOLO / AFP)

L’Afrique est un paradis pour l’automobile, mais elle n’est pas sa terre natale. Trop coûteuse à concevoir et à construire, la voiture 100% africaine reste anecdotique. 

Renault Maroc est le symbole de la localisation à succès des constructeurs automobiles en Afrique. Ouverte en 2012, l’usine de Tanger produit chaque jour 1200 véhicules, soit 370 000 en 2017. Un succès incontestable. Avec ses 8600 salariés, les volumes de production sont ici dans les normes des grands constructeurs mondiaux. A leur tour, les sous-traitants s’installent et le Maroc devient un acteur majeur de l’industrie automobile. Peugeot arrive également. En juin 2019, le constructeur a inauguré son usine à Kénitra qui à terme produira 200 000 véhicules.

Karenjy, la voiture du pape

Mais à côté des géants mondialisés, il existe aussi une production locale, certes marginale, mais conçue à 100% sur le continent. Ainsi, la marque automobile malgache Karenjy a créé la sensation en construisant la papamobile de François pour sa visite dans la Grande île les 7 et 8 septembre 2019. L’entreprise n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’en 1989 déjà, elle avait construit le véhicule de Jean Paul II pour sa visite à Madagascar.

La papamobile du voyage de François à Madagascar en septembre 2019 a été construite dans l'île par Karenjy. (RIJASOLO / AFP)

Mais l’aventure n’avait duré que 8 ans. En 1993, la production s’est arrêtée. Karenjy n’aura construit qu’une centaine d’unités. Le temps de l’utopie socialiste du président Didier Ratsiraka, chantre de la "malgachisation" de l’économie, qui voulait produire sur l’île les biens de consommation, allant du bateau à la voiture.

Atelier relais

Produire local est difficile, dans un marché étroit de 10 000 véhicules neufs vendus par an. Aussi, quand Karenjy réapparaît en 2009, c’est dans le cadre d’un atelier social axé sur deux thèmes : retour à l’emploi et formation en construisant une voiture, la Mazana II.

Des ouvriers installent le tableau de bord d'une Mazana II dans l'atelier de Fianarantsoa à Madagascar, le 4 août 2014. (RIJASOLO / AFP)

Si le moteur et la transmission de la Mazana II proviennent de marques françaises, la construction se fait sur place. Et, si la ligne est pour le moins curieuse, le véhicule abrite des technologies récentes. Tout ici a été pensé pour circuler sur les routes de Madagascar. Visibilité augmentée par un poste de conduite rehaussé et décalé vers l’extérieur. Vitres verticales et réduites pour protéger l’habitacle de l’ensoleillement. Carrosserie en résine de polyester afin d’éviter la corrosion.

L’Ouganda en rêve

L’ougandais Kiira Motors Corporation n’en est pas encore à ce stade. L’usine qui doit construire ses véhicules commence juste à sortir de terre et ne produira pas avant 2021. Mais déjà, deux prototypes ont été présentés. Une citadine électrique et une berline, déclinée en modèle hybride et thermique. Les Ougandais ont conçu le premier véhicule électrique africain et aussi le premier véhicule hybride. Reste maintenant à passer à la phase industrielle, puis commerciale, ce qui n’est pas le plus simple.

Wallys, la tunisienne homologuée pour l’Europe

Des commandes qui ne manquent pas chez Wallyscar. Le constructeur tunisien estime la demande entre 1000 et 2000 véhicules par an. Mais totalement artisanal, il ne peut livrer que 300 voitures chaque année. "Nous avons un an et demi de délai. C’est trop long, les gens ont tendance à se détourner de nous", reconnaît Omar Guiga, le PDG, sur le site internet spécialisé Afric Argus. Grâce à une levée de fonds de 10 millions de dinars, Wallyscar va construire une nouvelle usine à Tunis, qui lui permettra de tripler sa production.

La Wallys Iris, unique modèle commercialisé par la société automobile tunisienne. (Wallys)

C’est en 2006 que l’aventure a commencé pour les deux frères Guiga. Le premier modèle est présenté au Salon de l’auto de Paris en 2008. "L’entreprise tient absolument à participer au maintien d’un tissu économique et industriel local. Wallys propose donc un véhicule entièrement conçu et produit en Tunisie", explique le constructeur sur son site internet. Plus de la moitié des pièces sont produites localement.

L’Iris, le seul modèle produit, ne manque pas d’atouts. Proposée à 12 500 euros départ usine, c’est un véhicule moderne, propulsé par le tout aussi moderne trois cylindres PSA, champion dans sa catégorie. C’est aussi le seul véhicule conçu en Afrique qui soit homologué pour l’Europe.

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