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Egypte : la «lycéenne au zéro», nouvelle icône de la lutte contre la corruption

Mariam Malak rêvait de devenir médecin. Avec un zéro à toutes les matières, la brillante lycéenne a peu de chance de suivre la voie de ses deux frères. Ses copies au bac auraient été échangées contre celles d’un fils d’un haut responsable. Mariam Malak est devenue l’icône du combat contre la corruption.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Mariam Malak devant le ministère de la Justice. (KHALED DESOUKI / AFP)

Vedette des plateaux de télévision, hashtag à son nom sur les réseaux sociaux, reçue par le Premier ministre Ibrahim Mahlab, Mariam Malak cristallise le combat contre l’injustice en Egypte. «Quand on m'a montré mes soi-disant copies, je n'en ai pas cru mes yeux: il n'y a que quelques lignes alors que je n'avais pas arrêté d'écrire durant l'épreuve. Depuis que cette affaire a commencé, j'ai l'impression de vivre un cauchemar. Mais je ne vais pas baisser les bras», promet la lycéenne de 19 ans.
 
Comment peut-on passer d’une note de plus de 97 sur 100 à une collection record de zéros à toutes les matières l’année suivante ? «Falsification», répond Mariam Malak, fille d'un petit instituteur d'un village pauvre de la province de Minya, à 240 km au sud du Caire. Pour Nabil Halim, l'un des avocats de la lycéenne, «une personnalité influente» est derrière toute cette affaire. Comprendre que les notes de Mariam ont été attribuées au rejeton d’un notable.

 
Dans un premier temps, ses plaintes sont classées sans suite et une étude graphologique conclut que son écriture est identique à ses prétendues copies. Les réseaux sociaux puis les télévisions se saisissent de l’affaire. Surnommée par les médias «la lycéenne au zéro», Mariam commence à voir le bout du tunnel. Le Premier ministre annonce qu’il la soutient «dans sa plainte comme si c'était sa fille». Et le parquet rouvre le dossier, formant un autre comité d'experts, au Caire cette fois, pour analyser à nouveau l'écriture de la jeune fille.


La lycéenne ne veut pas de la récupération politique de son combat. Issue de la minorité chrétienne copte, Mariam a refusé de plaider la discrimination religieuse, qui a pourtant cours dans d'autres cas. Elle a poliment décliné une rencontre avec le chef spirituel de cette communauté, Tawadros II, soulignant que «sa cause était celle d'une citoyenne égyptienne»«Si on respecte mes droits dans mon pays, tous ceux qui vivent dans l'injustice sauront qu'eux aussi peuvent faire valoir les leurs.» Aujourd'hui, le succès du hashtag #je_crois_Mariam_Malak ne cesse de s’accroître. 

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