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Au Kenya, l'avenir électrique passe par la géothermie

Le pays est le 7e producteur mondial d'électricité d'origine géothermique. Un atout quand trois Kényans sur quatre n'ont pas encore accès à l'électricité.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le complexe géothermique de Naivasha, au nord-ouest de Nairobi, a propulsé le Kenya au 7e rang mondial des producteurs d'électricité géothermique. (TONY KARUMBA / AFP)

Son nom est tout un symbole. Hell's Gate, la porte de l'Enfer. Un site classé Parc national, à 120 km au nord-ouest de Nairobi. Ici, la chaleur de la terre remonte jusqu’à la surface et laisse échapper des volutes de vapeur par des failles naturelles. L'air est saturé de l'odeur du soufre qui accompagne ces épanchements. Certains n'hésitent pas à comparer les lieux à l'Islande ou la Nouvelle-Zélande.

Le Kenya est traversé par la branche orientale du Grand Rift africain appelée également Rift de Gregory. La faille tectonique est en quelque sorte une "déchirure" vers les profondeurs de la planète et la chaleur de la terre. Grâce à cette faille, le Kenya est devenu en quelques années le 7e pays au monde pour sa production géothermique. En 2020, la capacité de production du pays a atteint 823 MW, par comparaison avec les 2 555 MW des Etats-Unis, le leader du secteur.

Seul pays d'Afrique

Le Kenya, seul pays d’Afrique à produire ce type d’énergie, s’est lancé dans l’aventure au début des années 1980 pour alimenter en électricité le plus grand nombre. Car, aujourd’hui encore, seulement un habitant sur quatre y a accès à l’électricité.

La centrale d'Olkaria  produit 500 MW d'électricité avec cinq unités de récupération de la chaleur du sous-sol. (ROBERTO SCHMIDT / AFP)

Nairobi souhaiterait passer la capacité électrique du pays de 2 200 MW à 15 000 MW en 2030. Un projet ambitieux dans lequel le développement de la géothermie a toute sa place. Au cœur du dispositif, il y a la centrale d’Olkaria située à Naivasha, à quelques encablures de la fameuse Hell's Gate. Avec sa puissance de 550 MW en cinq unités, c’est une des centrales les plus puissantes au monde. Elle va chercher la chaleur à 2 000 mètres sous terre et les 137 puits par lesquels remonte la vapeur s’étendent sur 240 km².

Compenser le manque d'eau

Une montée en puissance de la géothermie arrive au bon moment pour compenser la baisse de la ressource hydroélectrique. Car les périodes de sécheresse à répétition font que les barrages ne tournent plus qu’à 58% de leur capacité. La production géothermique est, elle, en revanche constante.

Si au Kenya elle ne représente que le tiers des installations de production d'électricité, elle assure 40% de la consommation électrique du pays. Avec, qui plus est, un avantage de taille : son coût. Selon les spécialistes, le kilowatt géothermique revient à 0,07 dollar contre 0,18 en partant du fioul. Une production propre, qui ne rejette ni CO2 ni polluant, disponible 24h sur 24 contrairement au solaire ou à l’éolien.

Si le Kenya est pour l'heure le seul pays d'Afrique à exploiter la géothermie, ses voisins de la région du rift africain seraient prêts à se lancer : l'Ethiopie, qui a fortement investi, la Tanzanie, le Rwanda et l'Ouganda sont sur les rangs.

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