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En Ethiopie, les exactions continuent au Tigré, notamment à l'encontre des femmes, malgré la signature d'un accord de paix

Les combats ont cessé entre les rebelles de la province du Tigré et les forces armées éthiopiennes en novembre 2022. Pourtant, selon une commission de l'ONU et Amnesty International, des crimes de guerre sont encore commis.
Article rédigé par Christian Chesnot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une mère et son bébé attendent de recevoir un traitement à l'hôpital de Mekele, la capitale de la région du Tigré, en Ethiopie, où des femmes ont été violées par des soldats, selon un rapport onusien. (XIMENA BORRAZAS / MAXPPP)

C'est un conflit à bas bruit. Malgré la fin des combats entre l'Éthiopie et les rebelles de la province du Tigré, au nord du pays, qui ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de deux millions de personnes, et après la signature d'un accord de paix en novembre 2022, l'ONU s'inquiète de la poursuite des exactions contre les populations civiles. "Des atrocités, des crimes de guerre et contre l'humanité continuent d'être commis dans le pays", selon un groupe d'experts des Nations Unies. 

"Nous avons des preuves que des femmes ont subi des violences sexuelles", relate Haimanot Ashenafi, de l'ONG Amnesty International, et auteur d'un rapport sur ces atrocités. "Plus de trois mois après la signature de l'accord de paix, certaines femmes ont été violées par des bandes armées", notamment des troupes érythréennes, venues soutenir l'armée éthiopienne, et les membres de milices de la région voisine de l'Amhara, selon la commission d'enquête de l'ONU sur les droits de l'Homme en Éthiopie.

"Des femmes sont devenues des esclaves sexuelles, et nous avons aussi des preuves d'exécutions extra-judiciaires de civils."

Haimanot Ashenafi, Amnesty International

à franceinfo

Ces crimes de guerre sont commis dans l'indifférence générale, selon Haimanot Ashenafi. "L'attention a diminué. Elle a même disparue, déplore-t-elle. Aujourd'hui, il est capital que nous obtenions l'attention de la communauté internationale sur ce qu'il se passe en Éthiopie. Nous avons besoin d'un mécanisme transparent de justice internationale, parce que le gouvernement fédéral est accusé de ces crimes."

La commission d'enquête sur les droits de l'Homme en Éthiopie accuse le gouvernement éthiopien d'avoir "échoué à prévenir ou à enquêter efficacement sur les violations" et d'avoir "au contraire lancé un processus de consultation sur la justice entaché d'irrégularités, au cours duquel les victimes ont été oubliées". L'ONU doit renouveler le mandat de cette commission, début octobre 2023. Mais l'Ethiopie mobilise ses alliés africains, russes et chinois, pour obtenir sa disparition. 

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